«Mon partenaire et moi, on a décidé de rejoindre notre résidence secondaire au Pays basque, avant même que le confinement soit ordonné. De nature (très) anxieuse, j’ai senti le vent tourner assez rapidement et j’ai préféré partir dans notre maison avec jardin. Avant cela, étant asthmatique, j’ai dès début mars privilégié le travail à la maison et limité mes interactions sociales. Je travaille du mieux que je peux à distance, je lis, je regarde des séries et joue à des jeux vidéo… En fait, le plus difficile pour moi, c’est la gestion du stress lié au virus : le moindre objet touché, les denrées alimentaires provenant de l’extérieur… Quand j’entends "Covid-19", ça fait écho avec le mot "mort". Cette épidémie nous renvoie à l’essentiel : nous face à la mort. Le traitement médiatique et les informations en surnombre augmentent la sensation de danger, du coup j’ai décidé d’arrêter de scruter le décompte des malades et des morts, pour ma santé mentale. Pendant deux semaines, je surveillais mon thermomètre pour déceler toute température au-delà de 38° C. Je ne pensais qu’à ça. J’étais obnubilé par toute sensation de fièvre, de toux ou mal de tête. J’en suis arrivé à un point où je m’autodéclenchais tous les symptômes du virus. Des crises d’angoisse sont apparues et je n’arrivais plus à m’en sortir. Je me disais que j’avais contracté le virus et que c’était la fin. L’hypocondrie n’aide vraiment pas dans ce cas-là. C’est un cercle vicieux. Puis le temps passe et on s’habitue à vivre avec cette angoisse latente.»
Joseph (31 ans), avocat «L’hypocondrie n’aide vraiment pas»
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publié le 30 mars 2020 à 19h41
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