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Libération

Marine (34 ans), responsable com «J’avais peur d’être livrée à moi-même»

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publié le 30 mars 2020 à 19h41

«Je suis atteinte d’un trouble de la personnalité borderline, et je suis hyperphage et boulimique. L’annonce du confinement a suscité beaucoup de questions dans ma tête : je pensais à faire des stocks de nourriture pour gérer mes crises, en même temps je culpabilisais parce que pour ça, il fallait que je ressorte de chez moi, et parce que ce serait autant de denrées que n’auraient pas les autres. Qui plus est, se retrouver seule avec soi-même, peu vêtue, avec les bourrelets qui se touchent, accroît la conscience de son corps. Ce qui me faisait peur, c’est d’être bloquée à la maison, livrée à moi-même, parce que c’est souvent là que la compulsion arrive. Je suis en charge de la com d’une chaîne de sex-shops, du coup je suis au chômage partiel. Télétravailler n’aurait rien changé parce que j’arrive à m’occuper, en faisant du tri dans mes vêtements, en sortant mon chien ou en prenant l’air dans le jardin.

«Cette situation inédite est vraiment anxiogène, alors j’ai décidé d’être indulgente avec moi-même. Et pour l’instant, ça va plutôt mieux que ce que je pensais. J’ai créé un groupe Facebook privé d’entraide pour personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire : 500 personnes l’ont rejoint. Il y a des gens qui n’arrivent plus du tout à manger, d’autres qui font des crises en permanence, d’autres encore qui sont confinés avec des proches ou des parents pas au courant de leurs troubles. Et comme souvent la crise se fait en solo, être confiné à plusieurs rend les choses compliquées.»