Ils se tiennent pour la plupart debout, à 2 mètres de distance, ne se parlent pas, ne se regardent pas. Hommes, femmes, jeunes, vieux. Plantés sur la démarcation du terrain de handball, on dirait des élèves punis. «Madame Lefèvre ?» lance à la cantonade une grande femme en combinaison blanche, dont quelques cheveux blonds s'échappent de la charlotte. Appelée, Gaëlle, 48 ans, s'appuie sur ses béquilles pour suivre le médecin vers une des quatre imposantes tentes blanches dressées devant elle. «On se croirait dans un film catastrophe», commente un bénévole. Voilà moins d'une semaine que le gymnase municipal de Taverny, dans la banlieue nord de Paris, a été converti en centre d'urgence et de tri pour le Covid-19, «afin de désengorger les médecins de ville et les urgences du coin», explique la maire, Florence Portelli.
Sa commune, située dans l'un des départements les plus touchés par le nouveau coronavirus, le Val-d'Oise (113 décès, 20 de plus entre samedi et dimanche), préfigure ce que pourraient faire de nombreuses autres villes françaises pour affronter la maladie. «Les premiers cas sont apparus il y a cinq semaines», dit Marie-Claude, médecin généraliste. Depuis, la flaque de l'épidémie se transforme peu à peu en océan. Face à des autorités franciliennes démunies devant l'ampleur et la vitesse de propagation du virus, des habitants tentent de combler les manquements. Par la débrouille. On sort les machines à coudre, les imprimantes 3D pour