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Libération
Reportage

Des TGV sanitaires transfèrent 36 malades du Covid-19 d'Ile-de-France à Rennes

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Pour désengorger les hôpitaux franciliens qui sont saturés, 36 malades ont été transférés par deux TGV sanitaires à Saint-Brieuc, Brest et Rennes, où il y a encore des places en réanimation.
Lors du transfert des patients atteints du Covid-19 entre Paris et Rennes, mercredi. (Photo Mathieu Pattier. Sipa)
publié le 1er avril 2020 à 19h39

C’est un très lourd dispositif, mais parfaitement maîtrisé, qui a été mis en place mercredi afin de transférer 36 malades du Covid-19 des hôpitaux franciliens vers la Bretagne. Pas moins de neuf équipes médicales des hôpitaux d’accueil (Saint-Brieuc, Brest et Rennes), médecins réanimateurs, anesthésistes, urgentistes, infirmières, logisticiens, soit quelque 70 personnes au total, avaient été dépêchées dès mardi dans la capitale afin d’équiper les trains sanitaires mobilisés en gare d’Austerlitz.

«C'est une opération exceptionnelle de solidarité qui s'est parfaitement déroulée, avec une mobilisation exemplaire des Samu et du personnel soignant, mais aussi des ambulanciers privés et de la Croix-Rouge», a souligné Véronique Anatole-Touzet, directrice du CHU de Rennes.

Sans oublier le personnel de la SNCF – qui avait affrété deux rames pour chaque convoi en cas de panne – les services logistiques des établissements concernés et les forces de l’ordre, chargées d’assurer la sécurité. Un premier train médicalisé a ainsi quitté Paris pour la pointe de la Bretagne en fin de matinée, avec une étape à Saint-Brieuc, où huit patients ont été pris en charge, avant de rejoindre Brest, où seize patients ont été répartis entre le CHU de la ville et l’Hôpital des armées.

Applaudissements aux fenêtres

A Rennes, le TGV transportant douze patients, à raison de quatre patients par voiture, a quitté Austerlitz à midi pour être à quai dans la capitale bretonne deux heures plus tard, déclenchant un ballet d'ambulances qui, deux par deux et escortées de motards, ont rejoint le centre hospitalier régional. Pour l'occasion la gare avait été bouclée, ce qui n'a pas empêché les Rennais des immeubles voisins, de saluer les convois de leurs applaudissements depuis leurs fenêtres. Au service des urgences de l'hôpital, dédié aux «infections respiratoires aiguës», les malades, appareillés sur des brancards et placés sous anesthésie générale, ont directement été admis dans les services de réanimation attenants.

«Il s'agit de patients qui sont dans un état stabilisé mais grave, nécessitant des ventilations complexes, a précisé le docteur Yves Le Tulzo, chef du service de réanimation du CHU. Ce sont des patients extrêmement difficiles à transporter mais qui sont désormais dans leur lit d'hôpital.» Le médecin a également souligné le travail de coordination médical et logistique hors-norme qui s'est mis en place entre les équipes bretonnes et les services de Versailles, Evry et Pontoise, où les patients étaient hospitalisés. «Les patients ont été choisis en fonction de leur capacité à supporter un transfert. Je pense qu'avec cette pandémie à la mortalité importante, cela permet de sauver des vies. Quand on transfère cinq ou six patients d'un service de réa débordé, c'est un espace précieux qui se libère.»

Le docteur Yves Le Tulzo, chef du service de réanimaiton du CHU de Rennes.

Photo Mathieu Pattier

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Sipa

La Bretagne moins touchée

La Bretagne a quant à elle été retenue comme destination dans la mesure où ses établissements ne connaissent pas la saturation de leurs homologues du Grand Est ou de l'Ile-de-France. «En Bretagne, la vague n'a pas atteint son pic et on espère qu'elle va y échapper, a relevé Yves Le Tulzo. L'évolution de la pandémie y est moins rapide que dans d'autres régions. Sans doute en raison d'un habitat plus dispersé mais aussi parce que des mesures de confinement ont été mises en place alors que la pandémie n'était pas encore extrêmement étendue.»

Alors que le CHU de Rennes compte aujourd’hui 79 personnes atteintes du Covid-19 dans ses services, dont 29 en réanimation, pour une capacité potentielle d’une centaine de lits en réa, les médecins ont indiqué qu’ils étudiaient d’ores et déjà la possibilité d’accueillir de nouveaux malades en provenance des établissements saturés.