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Laboratoire

Mon logement à l'heure du confinement

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
L'institut de réflexion Idheal lance une grande enquête auprès des confinés afin de mesurer comment ils vivent leur domicile à l'heure de l'assignation à résidence et du télétravail. Une expérience en vraie grandeur.
Télétravail à Angers, en mars. (Thibaud Vaerman/Photo Thibaud Vaerman)
publié le 1er avril 2020 à 11h57

Quand on est confiné, le plaisir que l’on éprouve (ou pas) à vivre dans son logement, déjà important dans la vie courante, devient essentiel. Encore davantage quand le domicile se retrouve à être à la fois le lieu de l’enseignement (pour les enfants) et/ou du travail (pour les adultes). Comment les «assignés à résidence» s’installent-ils chez eux pour faire face à la cohabitation et surtout au télétravail ?

L'Idheal, institut de recherche spécialisé sur le logement, a lancé jeudi une grande enquête pour tenter de répondre à ces questions. «Nous sommes tous confinés, peut-on lire dans la présentation de ce questionnaire. Le ressenti de cette période sera différent pour chacun. Vos parents, vos enfants ou vos colocataires vont peut-être vous taper sur les nerfs. Au contraire, enfin chez vous, vous allez trouver le temps de vous rapprocher, de vous occuper de vous, de votre maison, des albums photos jamais finis.» Seule certitude : «La période est idéale pour une observation.»

On ne saurait mieux dire. Catherine Sabbah, déléguée générale de l'Idheal, résume : «Tout le monde étant chez soi, chacun va regarder son logement d'une autre manière, y compris les promoteurs.» Ce sont eux qui mettent des logements neufs sur le marché, avec une approche dans l'ensemble assez banale.

«Le premier sujet : l’adaptation du logement»

Les premières questions portent sur le confinement chez soi ou ailleurs, dans un lieu subi ou choisi, avec des enfants ou des adolescents, avec une personne atteinte du Covid ou pas. Bref, l'enquête cerne le besoin d'espaces séparés, quelle qu'en soit la raison. Mais le premier sujet, «c'est l'adaptation du logement au télétravail, comment on s'installe», explique la responsable l'institut. D'où certaines questions : «Avez-vous transformé l'usage d'une de vos pièces (par exemple la cuisine en bureau) ?» ou encore «Avez-vous investi la cave ou le grenier ? Si oui, pour en faire quoi ?»

Seule certitude, jusqu'au 17 mars à midi, les salariés n'avaient guère eu de raison de se poser ces questions. «Cela fait trente ans que le télétravail n'arrive pas à décoller, remarque Catherine Sabbah. Les managements s'en sont toujours méfiés. Et là, en quarante-huit heures, toute la France tertiaire est en télétravail! Le premier sujet est donc l'adaptation du logement au télétravail.»

Nouveaux modèles

Côté individus, chacun bricole dans son coin avec les mètres carrés dont il dispose. Mais après une expérimentation en vraie grandeur comme celle-là, «ce serait bien que notre enquête puisse servir à améliorer la conception des logements avec des balcons, des surfaces supplémentaires et des cuisines fermées par exemple», espère Catherine Sabbah.

Quatre jours après le lancement de l'enquête, l'institut avait déjà reçu 2 500 réponses. Si ce questionnaire parvient à toucher davantage d'hommes et d'habitants des quartiers populaires, bref à ratisser large, l'enquête aidera peut-être à dessiner de nouveaux modèles de logements. Encore faut-il que «les promoteurs soient capables de tirer des enseignements d'une expérience pareille», remarque la déléguée générale de l'Idheal. Au vu de l'existant, ce n'est pas gagné d'avance.