Menu
Libération
Récit

Les TPE-PME craignent la liquidation sanitaire

Pour les petites entreprises, les aides prévues afin d’assurer leur survie ne s’annoncent pas suffisantes.
Aux Serres de Misery (Vert-le-Petit, Essonne), l’exploitation de l’horticultrice Séverine Hervy, mardi. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 2 avril 2020 à 19h06

Une rallonge pour ceux qui encaissent peut-être le plus violemment le choc économique lié au Covid-19. Le fonds de solidarité destiné aux très petites entreprises et aux indépendants (moins de 1 million d’euros de chiffre d’affaires) va être rehaussé de 500 millions d’euros. Au total, 1,8 milliard d’euros est disponible pour ceux qui ont vu leur chiffre d’affaires chuter d’au moins 50 %. Et ils sont légion. Commerçants dont le rideau est baissé depuis plus de 15 jours, artisans en panne de chantier ou prestataires de services dont les donneurs d’ordre ont cessé toute commande du jour au lendemain. Cette somme de 1,8 milliard pourrait apparaître comme un effort conséquent. En réalité, chaque bénéficiaire ne pourra percevoir que 1 500 euros voire 2 000 dans les cas exceptionnels. D’ores et déjà, selon le ministère des Comptes publics, 330 000 entreprises ont demandé à en bénéficier. Près du tiers de l’enveloppe a donc été consommé. Et dans bien des cas, cette aide est loin d’être suffisante, ne serait-ce que pour répondre à des besoins vitaux.

Trou dans la raquette

Dans le Sud-Ouest, un administrateur judiciaire, dont le métier est d'assister les entreprises en difficulté, décrit son quotidien à Libération. «Je reçois des coups de fil de gérants non-salariés de toutes petites entreprises qui, du jour au lendemain, n'ont plus de chiffre d'affaires ni de revenus. Ils me demandent comment ils vont nourrir leur famille.» C'est sans doute le principal trou dans la raquette du dispositif mis en place par Bercy. Dans ces petites structures, bon nombre d'entrepreneurs sont des gérants non salariés. Impossible, pour eux, de prétendre au dispositif de chômage partiel, réservé aux salariés et qui leur permet de continuer à percevoir 84 % du revenu net. Résultat, beaucoup d'entre eux pourraient ne pas reprendre leur activité une fois le confinement terminé. «J'entends beaucoup de ces entrepreneurs me dire qu'ils vont demander la mise en liquidation judiciaire de leur société. Tout simplement, parce qu'ils n'auront pas la trésorerie nécessaire pour redémarrer après la crise sanitaire», poursuit l'administrateur judiciaire.

Open bar

Certes, ils sont éligibles aux prêts garantis par l’Etat. Officiellement, c’est «open bar» puisque la puissance publique garantit 300 milliards de financement. Sur le terrain, la réalité est quelque peu différente. Les banques commerciales traînent des pieds pour accorder ces prêts aux plus petites entreprises et vont parfois jusqu’à demander au dirigeant une garantie personnelle. Un comble alors que l’Etat a déjà apporté sa caution. Bruno Le Maire s’en est publiquement agacé le 31 mars et a semble-t-il eu une conversation tendue à ce sujet avec Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale et également président de la Fédération bancaire française.

Afin d’essayer d’améliorer la situation des TPE, la confédération des PME mène la réflexion sur une extension du fonds de solidarité, afin de poursuivre sur une plus longue période le versement d’une somme forfaitaire de 1 500 euros, en impliquant notamment les Urssaf. La maire de Paris, Anne Hidalgo, devrait, elle, normalement reporter les échéances de loyer pour les commerçants dont le local appartient aux HLM de la ville. Pour ces entrepreneurs, le salut viendra peut-être des collectivités locales.