Les portes d'entrée sont hermétiquement fermées, les salles des pas perdues silencieuses, et les statues de Thémis regardent dans le vide. Désormais, les tribunaux judiciaires de France se sont transformés en temples déserts, seulement foulés par une poignée de vaillants professionnels. Ils sont là pour assurer les contentieux «essentiels», ceux listés par la chancellerie : entre autres, les permanences du parquet, les comparutions immédiates, les urgences civiles, les présentations devant le juge des libertés et de la détention (JLD), les audiences du juge de l'application des peines (JAP) ou du juge pour enfants. Libération raconte le quotidien de ces «non-confinés» dans différents secteurs de la justice.
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A Chambéry, chaque matin, Paulette, 60 ans, fait 30 kilomètres en voiture, traverse la grande place vide du centre-ville et s'assoit à son bureau, à l'entrée du palais. Cela fait douze ans qu'elle tient le standard. Normalement, elle travaille avec deux autres collègues. Désormais, elle est seule à son poste, «au calme», de 8 h 30 à midi et de 13 h 30