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Soignants : «Je pense Covid, je mange Covid, je dors Covid»

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Urgentiste, infirmière libérale ou médecin réanimateur… Dix soignants ont tenu pour «Libération» leur journal de bord de la crise sanitaire. Malgré la fatigue et l’inquiétude, tous tiennent, «pour l’instant», le coup.
Une infirmière de soins intensifs avec un patient atteint du Covid-19, dans une unité spécialisée de l’hôpital de Grasse (Alpes-Maritimes), le 29 mars. (Photo Frédéric Dides. Hans Lucas)
publié le 5 avril 2020 à 20h41

Ils évoquent un «ennemi». Se voient parfois comme des «fantassins». Ils ont bien plus «peur pour les autres» qu'ils ne redoutent de tomber malades, sans pour autant jouer les héros : «C'est notre métier», disent-ils. Infirmiers ou infirmières, internes, urgentistes, médecins réanimateurs, hématologues, psychiatres… Leur vie est désormais entièrement dédiée à sauver des patients du coronavirus. Quel est leur quotidien ? Comment tiennent-ils ? Comment s'organisent-ils ? Que redoutent-ils ? Une dizaine de ces soignants applaudis tous les soirs par des Français reconnaissants à Mulhouse, Bordeaux, Paris, Bobigny, Poitiers, Rouen ou Marseille ont accepté de tenir un journal de bord pour Libération.

Vendredi 27 mars

«Dernière fois»

19 heures,
Mélanie Roussel, médecin urgentiste au CHU Charles-Nicolle, Rouen

«Fin d’une journée en tant que médecin d’accueil et de tri des urgences. Depuis quelques jours, les patients arrivent et se ressemblent. Mêmes symptômes, même essoufflement, mêmes inquiétudes. Au CHU de Rouen, pas de vague submersive. Le flux quotidien de malades ne dépasse pas nos moyens. Mais l’anxiété est palpable dans les équipes. Ce matin, un patient d’une soixantaine d’années est arrivé avec un besoin croissant d’oxygène. Une heure plus tard, il était admis en réanimation. Intubé. Puis un deuxième patient est arrivé avec une nécessité d’assistance respiratoire immédiate. Intubé, il mourra aux urgences dans l