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Libération

«Si le trafic d’Air France reprend [début] juillet, il sera inférieur de moitié à ce qu’il était un an plus tôt.»

Un membre de la direction d'Air France-KLM vendredi
publié le 6 avril 2020 à 19h56

Air France-KLM est visiblement la grande entreprise qui a le besoin le plus urgent d’argent frais. Avec seulement 5 % de ses vols encore assurés, la compagnie aérienne perd environ 1 milliard d’euros par mois, selon un chiffre non démenti par la direction.

La question a été abordée vendredi lors d'un conseil d'administration extraordinaire. Air France-KLM se préparerait, selon l'agence Reuters, à demander un prêt garanti par l'Etat pour un montant de 6 milliards d'euros. Cette somme correspond en fait à 25 % du chiffre d'affaires du transporteur, ce qui représente le maximum prévu pour ce type d'emprunt. Ces 6 milliards d'euros se répartiraient entre 4 milliards garantis par l'Etat français et 2 milliards par l'Etat néerlandais. Une somme importante, sachant qu'en Bourse, la compagnie ne vaut pas plus de 2,5 milliards. «Il faudra en outre rembourser cette somme sur une durée de quatre ans, voire six maximum, ce qui signifie 800 millions à 1 milliard à sortir chaque année. Vu les perspectives de reprise, ce ne sera pas chose facile», confie à Libération une source de l'entreprise proche du dossier.

Sans compter que pour les très grandes entreprises, l'Etat ne garantit que 70 % de ces prêts exceptionnels et non pas 90 %. «Vu la situation financière d'Air France-KLM, les prêteurs vont être hésitants et nous faire payer le risque que représente un tel financement», alerte ce cadre. Il n'est donc pas exclu que la compagnie demande une dérogation à Bercy afin que son prêt soit garanti à 90 %. D'autant que les perspectives n'incitent guère à l'optimisme. Selon les projections établies par la direction, si le trafic reprenait le 1er juillet, il serait inférieur de moitié à ce qu'il était un an plus tôt. Et à l'été 2022, Air France-KLM n'aurait retrouvé que 75 % de son activité de 2019.