Depuis plusieurs jours, les salariés de FedEx disent aller travailler «la peur au ventre». Le 24 mars, Monsieur H., un intérimaire d'une soixantaine d'années qui exerçait sur le site de Roissy (Val d'Oise) depuis huit mois environ, est décédé après avoir contracté le Covid-19. «Ce sont des choses qui ne s'expliquent pas. Il travaillait comme tout le monde, en cette période, mais il était exposé», dit Denis (1), un de ses collègues proches, très ému. L'avant-veille du décès, les deux intérimaires échangent au téléphone. «Il m'a dit qu'il était malade, je lui ai demandé d'aller à l'hôpital. Mais il ne voulait pas parce que selon lui, ils allaient "le garder" et il se demandait comment il allait payer ses factures», explique son collègue. Deux jours plus tard, lorsque Denis tente de le joindre pour prendre de ses nouvelles, c'est sa fille qui décroche. «Elle m'a annoncé qu'il était décédé…», regrette-t-il.
Deux semaines après sa mort, cet intérimaire pointe du doigt les pressions implicites dont son collègue aurait été victime pour continuer à exercer alors qu'il se savait à risque. «Il se sentait obligé d'aller travailler mais il était asthmatique. Il craignait que s'il s'arrête, la direction mette fin à sa mission. Avec ce contexte, ils manquaient de monde pour faire tourner l'entreprise, alors ils en jouaient un peu psychologiquement», accuse Denis. Ce décès au sein du dépôt de Roissy, le «plus grand hub d'Europe» de l'ent