Des périodes de crise, Marie en a connu d'autres. Mais rien ne l'avait préparée à vivre une telle épidémie. Cette médecin réanimatrice de 40 ans est arrivée à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) il y a douze ans. Elle fut notamment l'une des premières à pénétrer dans les locaux de Charlie Hebdo après l'attentat de janvier 2015. Le mal est aujourd'hui bien différent. Le défi pour les urgentistes s'étire sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Les questions éthiques de poursuite de soins, d'intubation ou non d'un malade pour le réanimer se posent quotidiennement. Ce jour-là, Marie travaille à la caserne de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement, où stationnent deux ambulances de réanimation qui interviennent dans l'Est parisien et une petite dizaine de villes de Seine-Saint-Denis (Montreuil, Aulnay-sous-Bois, Noisy-le-Sec, Les Lilas, Romainville…). Des quartiers particulièrement touchés par l'épidémie.
Libération a passé trois jours à bord de ces véhicules, équipés comme ceux du Samu, avec un réanimateur, un infirmier et un ambulancier. Ces soignants assurent une prise en charge médicale d'urgence avant l'arrivée à l'hôpital. Face à une détresse respiratoire vitale, le médecin dispose de tout le matériel pour plonger une personne dans le coma, l'intuber, le ventiler et le transporter dans un service de réanimation.
La garde de vingt-quatre heures de Marie débute par une impasse. Elle intervient en urgence dans une maison de retrai