La mondialisation, source de tous les maux, et donc du coronavirus ? C’est beaucoup charger la mule. Les pandémies sont de toutes les époques, notamment celles où les échanges étaient moindres. Et comme il suffit de quelques malades pour contaminer en un mois tout un pays, il eût fallu, préventivement, interdire tout mouvement d’hommes et de marchandises, ce qui est une vue de l’esprit. Donald Trump a fermé ses frontières nord et sud et suspendu les vols avec la Chine ; les Etats-Unis sont aujourd’hui l’un des pays les plus touchés par le virus. Autrement sérieuse est la question soulevée par cette constatation accablante : pour son approvisionnement en tests et en masques, au lieu de constituer des stocks et de faire travailler les entreprises locales, la France s’en est remise au marché mondial. Elle s’est retrouvée fort dépourvue quand la pandémie s’est déclarée. Et on peut faire la même remarque pour un certain nombre d’industries stratégiques qui ont déménagé à l’étranger au fil des ans, ou bien pour l’alimentation où la logique des circuits courts doit se développer pour ménager le climat et préserver le peuplement des campagnes. Fermer les frontières, interrompre les échanges, jeter bas l’Europe ? Certes non. Mais la puissance publique doit en revanche intervenir pour garantir à l’économie nationale - ou européenne - une indépendance minimale. L’heure du laisser-faire généralisé est passée. Il faut une planification, une volonté industrielle, voire certaines nationalisations, alliées à une redistribution ferme : ce sont les outils classiques d’une gauche dont on dit les idées obsolètes. Les crises bousculent les idées reçues. L’idée que le marché - certes efficace - est le principal régulateur de la société, a fait son temps. Avec des objectifs clairs et démocratiquement définis, l’intérêt collectif doit désormais l’emporter sur les forces aveugles de la rentabilité financière.
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