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Le transfert médicalisé de patients, une autre carte de France du coronavirus

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Au moins 250 patients ont été transportés d'une région à une autre depuis trois semaines afin de désengorger les services de réanimation les plus saturés. L'analyse des villes de départ et d'arrivée dessine une carte instructive.
publié le 7 avril 2020 à 16h48

Depuis le début du confinement, à travers la France à l’arrêt, c’est un ballet qui est devenu quotidien. Pour désengorger les hôpitaux des territoires où le coronavirus sévit le plus fortement, l’Etat a mis en place des transferts médicalisés de patients en réanimation en direction de zones où l’épidémie est plus discrète et les services de soins moins débordés.

Le premier du genre a vu six patients de Mulhouse et Colmar être transférés à Marseille et Toulon en avion, le 18 mars, au surlendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron officialisant l’entrée en confinement. Trois jours plus tard, sept de plus quittaient Mulhouse pour Bordeaux (avion) et Fribourg-en-Brisgau (hélicoptère), en Allemagne, avant qu’un navire militaire ne transfère douze patients d’Ajaccio à Marseille le 21.

Depuis le 26 mars, le rythme s'est considérablement accéléré, de multiples transferts étant organisés afin de libérer des places au sein des services de réanimation surpeuplés. Au moins 250 patients à ce jour ont été déplacés, selon un décompte non exhaustif effectué par Libération.

La carte de ces déplacements montre sous un autre jour la répartition géographique de l’épidémie de coronavirus en France. Les régions engorgées sautent aux yeux : il s’agit du Grand Est (Strasbourg, Metz, Mulhouse, etc.) et de la région parisienne, ainsi que la Corse. Ce sont les seules qui ont eu le droit d’utiliser ce système pour envoyer certains de leurs cas les plus graves ailleurs.

Une France coupée en deux

Les villes ayant accueilli ces patients, elles, sont beaucoup plus nombreuses et mieux réparties sur le territoire, voire au-delà, avec quelques transferts en Allemagne, au Luxembourg et en Suisse. Mais les zones concernées sont tout de même parlantes : il s'agit pour l'essentiel de la moitié sud-ouest de la France, qui se situerait sous une diagonale Cherbourg-Nice. Cette carte rappelle d'ailleurs furieusement celle des décès par département rapportés à la population, qui montrait, à de rares exceptions, une France coupée en deux au même endroit.

Si le nombre de villes et donc d’hôpitaux accueillant ces cas graves est si grand, c’est pour ne pas surcharger, par précaution, des services de réanimation. Loin pour le moment de la saturation, ils ne sont pas à l’abri d’une vague soudaine. En attendant, les transferts médicalisés semblent apporter leur pierre à l’édifice. Depuis quelques jours, les départements du Grand Est les plus touchés ont vu leur nombre de patients en réanimation diminuer, une première depuis le début de l’épidémie.