«Je ne suis pas en colère. Je ne fais pas de politique, je suis un fonctionnaire loyal. Je ne dis pas que je suis indispensable.» Christophe Lannelongue, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est, a été démis de ses fonctions, lors du Conseil des ministres mercredi matin, pour avoir évoqué samedi le maintien du plan de restructuration du centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Nancy. Propos qui lui avaient été reprochés dès le lendemain par le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui a affirmé, peu après, que «l'heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent et de refonder notre hôpital. Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra».
Dans un entretien publié sur Libé.fr, Lannelongue juge son licenciement «politique» et se défend de toute maladresse : «A la fin d'une conférence de presse sur le Covid, on m'a demandé où en était le projet de restructuration et de modernisation du CHU de Nancy. Je me suis contenté de répondre en termes de droit, et j'ai déclaré : "Il n'y a pas de raison de remettre en cause le Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins pour le CHRU de Nancy. Le dossier devrait être examiné début juin. La trajectoire reste la même." C'est tout.»
Et Lannelongue de détailler que les suppressions de postes, étalées sur plusieurs mois, s'expliquaient par le regroupement sur un seul site, avec «d'énormes économies sur l'entretien et la logistique» : «Aujourd'hui, le CHRU de Nancy se répartit sur sept sites, il est en très mauvais état, y compris en termes d'offre et de qualité de soins. Il y a un projet de reconstruction sur un seul site, que tous les acteurs appuient pour construire l'hôpital des années 2030, argue-t-il. C'est un projet de modernisation qu'il ne faut pas juger uniquement sur le critère de suppressions d'emplois. Il y a eu des dizaines de réunions, un consensus se dégageait.»