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Libération
Ma vie de confiné

«Mon corps est habitué au rythme d'avant, je ne dors pas avant 2 heures du matin»

Chronique «Ma vie de confiné»dossier
Chaque jour, «Libé» donne la parole à des confinés de tout poil pour raconter leur vie à l’intérieur. Chacun envoie une photo «de dedans». Aujourd'hui, Félix, cogérant d'un bar-restaurant à Paris.
Chez Félix. (Photo DR)
publié le 9 avril 2020 à 12h51

Félix, 28 ans, est le cogérant d’un bar-restaurant dans le XVIIe arrondissement de Paris. Confiné et ne sachant pas quand il pourra rouvrir, il peine à décrocher de son rythme «d’avant».

«Déjà, ça a été compliqué d’apprendre à 20h30 le samedi 14 mars qu’on devrait fermer à minuit le soir même, notamment avec la nourriture qui nous restait sur les bras et qu’on a essayé de répartir avec l’équipe. Depuis, je suis confiné chez moi à Paris, dans l’appartement que je partage en colocation avec un pote d’enfance. Quand on bosse dans la restauration, on est tout le temps debout, en activité, donc c’est dur de rester assis à la maison. Idem avec le rythme quotidien : ça fait dix ans que je ne me couche pas avant 3 heures du matin. On ferme vers une heure, il faut le temps de rentrer, manger, décompresser… Mon corps est habitué et malgré le confinement, je n’arrive pas à trouver le sommeil avant 2 heures du matin. La nuit dernière, c’était même 4h30. Normal, y’a pas de fatigue physique.

«La réouverture, ça ne va pas être si évident»

«Pour le boulot, les seuls trucs que je fais en ce moment, c’est de la compta, des coups de fil avec l’Urssaf, les impôts… Ça occupe beaucoup l’esprit. La première semaine, j’ai cherché les bons interlocuteurs, avec beaucoup de coups d’épée dans l’eau. La deuxième semaine, j’ai fait toutes les demandes d’aide auprès des pouvoirs publics. Maintenant, j’attends, et je n’ai plus grand-chose à faire. La réouverture, on y pense un peu, mais ça ne va pas être si évident. Je pense que les gens seront méfiants et qu’il y aura peut-être des mesures limitant l’accès aux bars et restaurants.

«Avec mon coloc, on essaie de privilégier les activités en commun. Notamment les fléchettes, on y passe pas mal de temps, et ça permet de rester debout. Dès que je reste trop longtemps assis ou allongé, je sens que mon corps n’aime pas trop. Le côté positif, c’est mes mains, moins abîmées par le service au bar et la plonge. Evidemment, il y a des jours où je n’ai pas trop la patate, mais j’essaie de me bouger le cul, il n’y a que ça de toute façon : se laver, ne pas rester en jogging tout le temps, tu t’occupes comme tu peux. J’ai même retrouvé les joies de faire la vaisselle chez moi alors que je n’avais jamais le temps auparavant.»