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Libération
Arnaques

Eurojust entre dans la pandémie

Plusieurs enquêtes transfrontalières sont en cours en lien avec l'agence européenne d'entraide judiciaire, basée à La Haye.
Conteneurs dans le port du Havre (Seine-Maritime), en mai. (Photo Benoît Tessier. Reuters)
publié le 10 avril 2020 à 11h52

L'agence européenne d'entraide judiciaire ne chôme pas. «Le Covid-19 nous prend beaucoup de temps mais nous donne l'opportunité de travailler, apprendre et grandir ensemble», souligne un porte-parole. Eurojust, basée à La Haye (Pays-Bas), gère actuellement plusieurs arnaques transfrontalières, essentiellement liées aux masques de protection.

Par exemple, un Land allemand s'est vu proposer un stock de 10 millions de masques au prix de 15 millions d'euros. En dépit du coût prohibitif (1,5 euro le masque contre 1 centime avant la pandémie) imposé par de supposés vendeurs asiatiques, une avance de 2,4 millions a quand même été versée à un distributeur établi aux Pays-Bas. «Le jour de la livraison, il était clair que c'était une fraude», euphémise Eurojust. Après coopération internationale, deux suspects ont été arrêtés et 2 millions d'euros gelés dans le royaume néerlandais.

Trafic viral

En France, une entreprise dijonnaise avait également commandé pour 132 000 euros de masques et gel hydroalcoolique. Argent immédiatement transféré en Hongrie sans la moindre livraison en retour. Après saisine d’Eurojust par le parquet de Dijon, l’argent a pu être bloqué rapidement, mais les auteurs de l’arnaque courent toujours.

La France est en retour appelée en renfort par d’autres pays de l’Union européenne. C’est le cas de la République tchèque : suite à un hacking informatique, l’hôpital de Brno a en effet dû être fermé en dépit de l’urgence sanitaire. Le personnel soignant n’avait plus d’accès aux données piratées de ses patients – pareille mésaventure était déjà arrivée, bien avant la pandémie, à l’hôpital parisien Georges-Pompidou. Sans plus de précisions à ce stade, la justice tchèque a désigné ses homologues française et suisse en matière d’entraide pénale. Suivez son regard…

En matière de trafic viral, Eurojust a aussi du pain sur la planche. Une étude de Ghost Data (société d’analyse de données) publiée lundi recense pas moins de 10 000 sites internets proposant des masques à la vente, entraînant 26 000 publications à l’aide de mots-clés comme #ffp2 ou #surgicalmasks. Avec un pic de 1 500 pour la seule journée du 18 mars. L’étude précise que 80% des offres proviendraient de Chine.