La balle passe d'un camp à l'autre : depuis un mois, la classe politique se rejette la responsabilité du maintien du premier tour des municipales, alors que l'épidémie de coronavirus commençait à prendre de l'ampleur. L'opposition estime que la décision était du seul ressort du gouvernement, qui assure en retour que c'est l'opposition qui lui a forcé la main. L'enjeu est à la hauteur de la volonté collective de se défausser : alors que le Covid-19 a déjà fait plus de 12 000 morts dans le pays, la France s'interroge sur les contaminations qu'aurait pu provoquer le scrutin. Patrick Kanner, le patron des socialistes au Sénat, a fait un calcul : les municipales, ce sont 69 000 bureaux de vote, entre 5 et 7 personnes à l'intérieur, pendant douze, treize voire quatorze heures. «Entre 450 000 et 500 000 personnes d'un côté et 20 millions de Français de l'autre. Qui peut oser dire qu'il n'y a pas eu de contaminations ?» interroge le sénateur du Nord. Outre le bilan humain, difficile à vérifier, organiser le scrutin du 15 mars a aussi contribué à brouiller le message des autorités : comment convaincre les habitants de rester chez eux quand on demande aux électeurs d'aller voter ?
«Cartes en main»
Avant même que la concorde nationale réclamée par Emmanuel Macron ne se craquelle, la majorité présidentielle a chargé la gauche et la droite. La veille du premier tour, le macroniste Stéphane Séjourné dénonçait déjà un «coup politique» : pour lui, des «ténors de l'opposition […] ont tou