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Covid-19 : les effets très indésirables des élections municipales

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Un mois après, les suffrages locaux laissent un goût amer aux politiques de tous bords, qui dénoncent son rôle d’incubateur dans la crise sanitaire. Des centaines de colistiers et assesseurs, aujourd’hui infectés par le Covid-19, auraient été contaminées lors du premier tour.
Dans un bureau de vote à Marseille, lors du premier tour des élections municipales, le 15 mars. ( Photo Patrick Gherdoussi )
publié le 10 avril 2020 à 19h01

La balle passe d'un camp à l'autre : depuis un mois, la classe politique se rejette la responsabilité du maintien du premier tour des municipales, alors que l'épidémie de coronavirus commençait à prendre de l'ampleur. L'opposition estime que la décision était du seul ressort du gouvernement, qui assure en retour que c'est l'opposition qui lui a forcé la main. L'enjeu est à la hauteur de la volonté collective de se défausser : alors que le Covid-19 a déjà fait plus de 12 000 morts dans le pays, la France s'interroge sur les contaminations qu'aurait pu provoquer le scrutin. Patrick Kanner, le patron des socialistes au Sénat, a fait un calcul : les municipales, ce sont 69 000 bureaux de vote, entre 5 et 7 personnes à l'intérieur, pendant douze, treize voire quatorze heures. «Entre 450 000 et 500 000 personnes d'un côté et 20 millions de Français de l'autre. Qui peut oser dire qu'il n'y a pas eu de contaminations ?» interroge le sénateur du Nord. Outre le bilan humain, difficile à vérifier, organiser le scrutin du 15 mars a aussi contribué à brouiller le message des autorités : comment convaincre les habitants de rester chez eux quand on demande aux électeurs d'aller voter ?

«Cartes en main»

Avant même que la concorde nationale réclamée par Emmanuel Macron ne se craquelle, la majorité présidentielle a chargé la gauche et la droite. La veille du premier tour, le macroniste Stéphane Séjourné dénonçait déjà un «coup politique» : pour lui, des «ténors de l'opposition […] ont tou