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Libération
MA VIE DE CONFINÉ

«Mes parents m’ont fabriqué un skate pour rééduquer mon genou»

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Chaque jour, «Libé» donne la parole à des confinés de tout poil pour raconter leur vie à l’intérieur. Chacun envoie une photo «de dedans». Aujourd'hui, Sandra, 30 ans, récemment opérée du genou, pratique l'auto-rééducation faute de séances de kiné.
(Photo DR)
publié le 10 avril 2020 à 8h42

Sandra, 30 ans, vient de se faire opérer des ligaments croisés, après une blessure au handball. Confinée dans la maison de ses parents près d'Angers, elle rééduque son genou de manière artisanale et expérimente les séances de visio-kiné.

«Je me suis fait opérer juste avant l'annonce du confinement. A quelques jours près, mon opération était annulée… J'ai eu une place dans un centre de rééducation dans le Val-de-Marne. Toutes les visites ont été suspendues au bout de trois jours. Au bout de deux semaines, ils ont commencé à libérer des chambres pour des patients Covid. Dès que j'ai pu mettre un pied devant l'autre, j'ai dû partir.

«Je devais rentrer chez moi, à Paris, mais j'habite au 5e sans ascenseur… Il fallait trouver une solution, car je n'étais pas autonome. Finalement, l'hôpital m'a fait une ordonnance justificative pour que je puisse prendre le train pour aller chez mes parents, près d'Angers. J'ai montré ça à la police, à la gare. J'ai pris le train avec mes béquilles. Et ma valise, qui me servait de béquilles !

«Ma galère du moment, c'est que je fais de l'auto-rééducation à la maison. Je fais des exercices toute seule pour récupérer des muscles, ma flexion, mon extension. J'y passe plusieurs heures par jour. J'ai encore un œdème, des douleurs qui me réveillent la nuit… J'ai de la chance, car mon kiné de Paris me suit à distance, en bénévole. Je fais des séances de visio-kiné, une à deux fois par semaine. Il me montre comment faire des massages de cicatrices, d'œdèmes… Sauf que par visio ce n'est pas évident de voir l'état de la jambe ! Il me pose beaucoup de questions, il m'envoie des vidéos avec des exercices. Pour le matériel, c'est système D, on bricole : je me masse derrière la jambe avec un bocal, mes parents m'ont même fabriqué un skate pour que je puisse mobiliser le genou.

«On a aussi lancé un appel à solidarité via les associations du village pour essayer de trouver un vélo d'appartement que je puisse utiliser. On a demandé à la gendarmerie l'autorisation d'aller en acheter un repéré sur Le Bon Coin au village d'à côté, mais ils n'ont pas voulu car ce n'était pas une «urgence vitale». C'est sûr que ces massages, c'est un peu artisanal. Tu ne t'improvises pas kiné en une semaine. Ça va avoir un impact sur ma rééducation, ça sera plus lent et plus long… J'essaye aussi des remèdes de grand-mère : là, je vais me faire des cataplasmes à base d'argile et de feuilles de chou. Il paraît que ça diminue l'œdème…»