Pas de printemps pour les Français. Mais un rayon d’espoir, néanmoins. Emmanuel Macron a rendu sa décision : la grande majorité de la population restera enfermée chez elle un mois de plus, au moment où une météo clémente fait briller un soleil tentateur mais inaccessible au plus grand nombre. Eprouvante, déprimante même pour ceux qui sont confinés à plusieurs dans des logements exigus, la mesure est logique : le gouvernement ne peut pas se permettre d’accréditer l’idée qu’il ne ferait pas tout pour sauver des vies. Mais aussitôt, dans une intervention à la fois humble et précise, le Président a livré un calendrier rationnel aux Français, avec l’espérance d’une fin de confinement pour le 11 mai et un redémarrage progressif de l’activité. Tout en annonçant le maintien de précautions strictes et sous réserve d’un examen plus serré, le gouvernement est doté d’un plan cohérent. Malgré l’épreuve dont on annonce la prolongation, cet objectif offre à tous une perspective qui modifie l’atmosphère et mobilise les esprits, non sur l’enfermement en cours, mais sur les voies et moyens d’un retour à la vie, serait-elle strictement encadrée. On le devine : ce mois supplémentaire de confinement rendra aussi plus difficile l’après-coronavirus. Le gouvernement ne mégote pas sur les crédits pour empêcher la multiplication des faillites et compenser - partiellement - les pertes de revenu. Mais il provoquera du même coup une hausse spectaculaire de l’endettement public. Déjà certaines excellences de la majorité ou du Medef parlent des sacrifices qui seront nécessaires une fois la pandémie surmontée. Erreur à tout le moins : c’est en raison de l’austérité imposée par l’orthodoxie financière, que la crise de 2007 s’était indûment prolongée. Il faudra cette fois faire preuve d’imagination, en relançant l’économie et en tenant compte de l’impératif écologique et de la nécessaire lutte contre les inégalités mises en exergue par la crise. Monétisation de la dette ? Etalement sur plusieurs décennies, comme on l’avait fait au lendemain des guerres ? Une chose est sûre : ce n’est pas dans les vieilles casseroles qu’on confectionnera une potion acceptable pour les Français.
Éditorial
Espérance
Emmanuel Macron lors de son allocution le 13 avril. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
par Laurent Joffrin
publié le 13 avril 2020 à 21h46
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