Avant d'envoyer des photos dénudées, on doit d'abord se confronter à la dure réalité : il n'existe aucune méthode infaillible pour garantir que son intimité ne sera pas dévoilée. La sécurité d'un «sexto» ne dépend pas que de la technologie. Il s'agit avant tout d'une expérience entre deux personnes. Malheureusement, on ne peut pas prévoir si son ou sa partenaire ne décidera pas, à un moment, de partager les clichés qu'on lui a envoyés.
«Je préconise toujours la gestion de risques, pour le sexto comme d'autres actions dans la vie, explique Rayna Stamboliyska, auteure de la Face cachée d'Internet (éditions Larousse). On doit se poser des questions comme : est-ce que j'enverrais une photo dénudée à un coup d'un soir ? Un partenaire de longue date ? La réponse dépendra de chacun, car l'intimité est quelque chose de très personnel.»
On peut adopter quelques réflexes, qui sont finalement plutôt d’ordre low tech. Il est plus prudent de masquer son visage et tout détail physique qui pourrait facilement vous identifier : tatouage, grain de beauté ou tache de naissance particulièrement visible, piercings, bijoux, etc. Evitez les photos près d’une fenêtre (on pourrait identifier où vous habitez) ou même près d’un meuble, d’une décoration… Ces précautions peuvent vous protéger si jamais vos photos intimes sont diffusées sans votre consentement et que des gens cherchent à les comparer à d’autres contenus (souvenirs de vacances, d’un dîner entre amis dans votre salon, etc) que vous auriez déjà publiés sur les réseaux sociaux.
Au rayon technique, faites attention aux applications qui stockent automatiquement vos photos. Par exemple, sur WhatsApp, dès que l’on reçoit une image ou une vidéo, elle s’enregistre sur son smartphone. Les services de gestion de photos proposés par Apple ou Google proposent une sauvegarde automatique dans le cloud, pour que vos photos soient accessibles sur d’autres machines. Ces options peuvent être désactivées. On pourra aussi privilégier des applications chiffrées, plus sécurisées que les autres, pour sexter, comme Signal. Enfin, certaines messageries permettent d’envoyer des photos éphémères. Cependant, là encore, rien n’empêchera une personne mal intentionnée de faire une capture d’écran de l’image. Au mieux, vous recevrez une notification vous informant de la capture, comme c’est le cas pour Snapchat ou la fonction image éphémère d’Instagram.
«Il faut faire attention au techno-solutionnisme, résume Rayna Stamboliyska. On ne va pas blâmer une victime de revenge porn de ne pas avoir pensé à toutes les éventualités. Surtout que le cœur du problème, c'est que la personne en qui on avait confiance s'est retournée contre nous.» Le sexto est avant tout une pratique sexuelle, qui doit respecter le consentement de chaque personne impliquée, même après la fin d'une relation.