Laurence, 59 ans, maquettiste-graphiste, souffre d’un cancer. Alitée dans sa maison, à Palavas-les-Flots, elle écoute le chant des oiseaux pour s’évader de sa chambre et oublier ses douleurs lancinantes.
«Pour moi, la vie avait déjà changé en août dernier, quand on m’a annoncé que j’avais un cancer. Et mon confinement a débuté dès janvier, quand les douleurs m’ont clouée au lit. Aujourd’hui, c’est un peu la double peine : je ne peux pas sortir, mais je ne peux rien faire chez moi, ni ranger, ni créer, ni jardiner, à cause de ces douleurs qui m’interdisent de rester debout plus de quelques minutes. En plus, la semaine dernière, j’ai glissé et dévalé les escaliers… Heureusement, je n’ai rien de cassé. Il n’aurait plus manqué que je me retrouve aux urgences en ce moment ! Vu ma faiblesse, il vaut mieux que j’évite l’hôpital. C’est d’ailleurs pour cette raison que fin mars, j’ai refusé de subir une biopsie. Tout le monde autour de moi pensait que c’était trop dangereux, à cause des risques de contamination…
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«Vivre allongée, c’est compliqué. Je passe beaucoup de temps sur YouTube. J’ai trouvé une vidéo qui apprend à reconnaître le chant des oiseaux. Je les écoute à travers ma fenêtre ouverte. Parfois, une hirondelle s’aventure dans ma chambre. J’entends aussi les flamants roses qui vivent sur les étangs, tout près de chez moi.
«Ce qui rythme ma journée, ce n’est pas la visite quotidienne de l’infirmière, mais plutôt la douleur, qui me permet de me lever un peu, ou pas. Avant le confinement, le kiné venait tous les jours. Parfois, avec mon mari, on allait boire un verre au bord de la plage, des amis passaient me voir… Maintenant, on s’appelle. Mais je n’ai pas à me plaindre. J’ai une maison, un jardin. Mon mari s’occupe de moi, et m’emmène en balade en fauteuil roulant, près de la maison, quand ma santé le permet. Je suis privilégiée. J’ai le moral. Je vais à l’essentiel et je prends les choses comme elles viennent.»