Philippe Sansonetti est professeur émérite à l'Institut Pasteur et titulaire de la chaire microbiologie et maladies infectieuses au Collège de France. Le 16 mars, quelques heures avant l'annonce du confinement, il y a tenu une visioconférence intitulée «Chronique d'une émergence annoncée». Il y regrettait notamment l'absence d'anticipation : «C'est la troisième émergence d'un coronavirus en moins de vingt ans. Il y a eu le Sras en 2003, le Mers en 2012, et maintenant le Covid-19. A chacun de ces épisodes, on s'est inquiété, puis rassuré, et pas grand-chose n'est arrivé ensuite pour prévoir et anticiper.» Autant de manquements qu'il serait catastrophique de réitérer dans la procédure de déconfinement, dit Philippe Sansonetti dans un entretien accordé à Libération.
Le président de la République a esquissé le début du déconfinement, et annoncé la date du 11 mai. Votre avis ?
Il est clair que le confinement ne peut être maintenu éternellement. S’il dure trop longtemps, les conséquences psychologiques, sociales et économiques vont se dégrader à un point tellement intolérable que son maintien va s’effilocher, la population va recommencer à sortir et on ne va tout de même pas établir en France un régime policier pour le maintenir. Cette sortie dans le désordre serait d’ailleurs une catastrophe sanitaire. La date fixée au 11 mai doit apporter la certitude que toutes les conditions seront réunies par nos dirigeants et les autorités compétentes. A partir du «jour d’après», la population doit être en mesure de reprendre progressivement ses activités avec la certitude que le max