En première ligne depuis le début du confinement, Marc (1), policier parisien, est atteint du Covid-19. Le voici donc confiné à son domicile. A l'instar de 8 634 agents, selon les chiffres donnés jeudi par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors de son audition au Sénat.
«Au départ, j'avais juste une toux. Puis, la fièvre et la fatigue sont arrivées. Il y a quelques jours, je suis allé faire mon test (positif) à l’Hôtel-Dieu : c’est là que sont accueillis les policiers pour être dépistés. Le trajet en métro a été extrêmement pénible.
«Mes journées consistent à glander gentiment, même si je ressens un essoufflement global. Pour ne pas perdre le fil, je garde le repère des repas. Je m'étais projeté dans cette situation en me disant que je pourrais en profiter pour relire Camus… En réalité, entre deux pics de fièvre, je me mets plutôt à jour des dernières saisons de Big Bang Theory. Il faut dire que je tiens assez peu debout. Mes enfants, eux, sont confinés avec leur mère en banlieue.
«Deux fois par jour, les soignantes de l’application Covidom – plateforme de télésuivi à domicile pour les malades du coronavirus – m’interrogent pour savoir comment je vais. Elles ont besoin "de précisions". Mi-inquiétantes, mi-rassurantes, ce sont devenues mes nouvelles copines.
«Je ne suis pas d’un naturel inquiet, mais au-delà de l’immense tristesse provoquée, le décès soudain de mon cousin, passé en quelques heures d’un "gros mal de gorge" à la housse mortuaire, a bien entamé mon capital confiance... On avait le même âge. Une petite piqûre de rappel : cette épidémie n’atteint pas que les autres.
«Je me tiens au courant de tout»
«J’estime que des erreurs évidentes ont été commises en interne vis-à-vis de la protection des fonctionnaires. J’ai bien fait de désobéir au préfet de police de Paris en portant un masque durant mes missions. Cela ne m'a pas empêché d'être contaminé, mais ça lui évitera de faire de nouvelles excuses.
«Evidemment, je suis frustré de ne pas être sur le terrain. Je compte sur le repos pour récupérer rapidement et pouvoir reprendre le travail au plus vite. Nous devons rester arrêtés 21 jours, c'est la règle. Même à distance, je me tiens au courant de tout. Entre les présents, les malades, les reprises… Le service demeure assuré malgré tout.
«Sur Whatsapp ou autres, les conversations groupées sont des réunions de crise sans fin. On commente l’actualité du service, on participe à sa nécessaire réorganisation pour maintenir la continuité de l’offre de sécurité. Peu à peu, les blagues sur le thème du confinement se raréfient. Même mes collègues les plus inspirés se sont lassés...»
(1) Le prénom a été modifié.