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Libération
Reportage

A la gare de Juvisy, les contraints de banlieue

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Dans la station essonnienne, l’une des plus fréquentées de France en temps normal, les rames sont à moitié vides. Seuls des travailleurs de l’ombre les empruntent, parfois la peur au ventre.
Gare de Juvisy, le 15 avril 2020. (Photo Adrien Selbert. Vu pour Libération)
publié le 20 avril 2020 à 19h51

Elle a beau illuminer la nuit, on dirait un vaisseau abandonné. Portiques de contrôle ouverts, agents d'accueil SNCF absents… D'ordinaire, la gare de Juvisy-sur-Orge, au sud d'Orly, est aux banlieues sud de Paris ce que la station Châtelet est à la capitale. Un gros hub. Deux RER (C et D), 28 lignes de bus et 140 000 voyageurs par jour en font la plus grande gare d'Ile-de-France - après les gares parisiennes. Aujourd'hui, on n'y croise plus que ces travailleurs de l'ombre pour qui le confinement ou la voiture ne sont pas des options. Libération est allé à leur rencontre, aux heures de départ pour le boulot, et de retour.

5 h 20. Farid, 38 ans, vapote dans son coin en attendant le train Lope de 5 h 34. Employé dans la restauration collective au sud de Paris, il se lève une heure plus tôt en raison du ralentissement du trafic (entre 75 % et 80 % de trains en moins). «Je prends le premier bus à 5 heures à Draveil. L'avantage, c'est qu'il y a moins de monde», tempère-t-il. Abrités d'un vent glacial derrière un distributeur de boissons, Lætitia et Alexandre, 26 et 30 ans, sont, eux, venus de la commune voisine de Savigny-sur-Orge, à deux sur un vélo pliant. «C'est tout ce qu'on a trouvé depuis les changements d'horaires», ironise Alexandre, short baggy en