Quand elle décroche son téléphone, la caissière d'un supermarché du quartier Notre-Dame répète aux clients : «A cause du confinement, nous fermons à 19 h 30.» Le rideau aurait dû baisser à 20 heures. Mais le temps d'empaqueter les courses, de (re) passer le gel hydroalcoolique sur les mains et de faire le chemin retour vers le domicile, clients et personnels se seraient exposés à une amende. Car dans ce secteur, comme dans huit autres quartiers populaires de Nice, le couvre-feu démarre à 20 heures : c'est deux heures plus tôt qu'ailleurs dans la ville - déjà soumise à un couvre-feu préfectoral de 22 heures à 5 heures. Attaqué par la Ligue des droits de l'homme, cet arrêté municipal «ordonnant une restriction horaire pour le public de circuler et/ou se déplacer sur les secteurs de Trachel, Jean-Vigo, Notre-Dame, Saint-Charles, Bon Voyage, Maccario, Pasteur, Las Planas et les Moulins», a finalement été validé par le tribunal administratif de Nice mercredi.
La LDH doit faire appel dès ce jeudi devant le Conseil d'Etat. L'association juge toujours cette mesure du maire LR de Nice «très ciblée et discriminatoire». «Dans une manœuvre politicienne, [elle] vise à stigmatiser et à faire montre d'autoritarisme envers les populations des quartiers populaires, ainsi collectivement punies», est-il détaillé dans un communiqué.
Ce qui a motivé Christian Estrosi ? «Des regroupements plus importants» dans ces quartiers, se justifie le maire de Nice, ainsi que «de très nombreuses doléances téléphoniques, également adressées par courriel» et des «signalements de riverains, preuves photographiques à l'appui». Dans sa décision, le tribunal administratif reprend les chiffres fournis par les équipes de cet élu habitué aux arrêtés chocs.
La présidente relève qu'entre le 24 mars et le 15 avril, 24,19 % des PV de la commune ont été dressés dans les quartiers concernés. La juridiction estime aussi que «l'arrêté a pour seul objet de limiter la circulation et les déplacements, dans certains quartiers et à certaines heures, dans le but de prévenir une maladie épidémique et contagieuse». Pour le tribunal administratif de Nice, tout est valide. C'est désormais au Conseil d'Etat de statuer.