Depuis quelque temps, l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) du Pr Raoult n'est plus le seul lieu où l'on peut faire un test du Covid-19. Plusieurs mairies accueillent désormais des patients, comme les labos de ville. Dans les quartiers Nord, Anne Galinier, médecin coordonnateur de l'AP-HM, a mis en place une antenne de dépistage dans l'Espace santé qu'elle dirige dans le 14e arrondissement de Marseille, en face du marché aux puces.
Pourquoi et comment a été installé ce centre de dépistage ?
Ça fait une semaine que nous l'avons ouvert. C'est le député Saïd Ahamada [LREM, ndlr], qui avait visité notre Espace santé, et le Pr Brigitte Chabrol qui m'ont sollicitée pour la mise en place de cette structure de dépistage. Didier Raoult a été contacté pour que ça se passe de la même manière qu'à l'IHU. En fait, c'est une antenne de l'IHU délocalisée. Il n'y avait plus qu'à monter le projet.
Comment ça se passe concrètement ?
On installe la tente gonflable – mise à disposition par la métropole –, le matin sur le parking de l'Espace santé, et on la rentre tous les soirs. Il y a trois personnes qui reçoivent les patients dès 9 heures. Il n'y a pas besoin d'ordonnance pour se faire tester. Il n'y a pas à avancer les frais. Mais on fait tout à la main, car nous n'avons pas de connexion Internet sur le parking… Dans l'après-midi, les prélèvements sont envoyés à l'IHU, qui prend le relais. Nous avons un rôle d'accueil administratif et surtout de suivi social.
Avec quelle équipe fonctionne cette structure ?
D'abord avec un ensemble de bénévoles, principalement de la communauté comorienne mais pas que, réunis par le député Saïd Ahamada. Ils sont très impliqués, pour parler aux gens, parfois dans leur langue, mais aussi pour installer la tente et les barrières tous les jours. Pour les prélèvements, notre petite équipe de permanents de l'Espace santé est là et de nombreux collègues médecins viennent nous donner un coup de main. C'est vraiment formidable. Côté matériel, la situation est tendue, comme à l'hôpital, on ne gaspille pas.
Vous avez eu beaucoup de monde ?
En une semaine, 200 personnes sont venues se faire tester. Il y a eu cinq cas positifs, soit 2,5%, ce qui est conforme à ce qu'on observe ailleurs. Ces cas-là sont pris en charge par l'IHU, mais nous, nous invitons les proches des malades à venir se faire tester. Les familles qui avaient un cas de Covid ici se sentaient abandonnées. Et pour beaucoup d'habitants de ces quartiers, l'IHU, c'est loin… Nous sommes aujourd'hui là pour les rassurer, leur expliquer ce qu'il faut faire, réinsister sur les gestes barrière. Mis à part ces familles, nous avons reçu beaucoup de livreurs, de caissières, d'infirmières à domicile et aussi de nombreux travailleurs dans le BTP. C'est souvent l'employeur qui leur demande un dépistage. Comme il a plu et qu'il fait un peu froid, j'imagine qu'on aura plus de monde dans les jours qui viennent. L'idée c'est de trouver notre rythme de croisière pour avancer dans la perspective du déconfinement. Mais mis à part le dépistage du Covid-19, l'Espace santé est pratiquement désert. On parvient à assurer le suivi des femmes enceintes. Alors qu'on a toutes les spécialités, ou presque, de l'hôpital ici, et qu'on reçoit d'habitude beaucoup de monde dans ces consultations délocalisées de l'AP-HM, et aussi en téléconsultations, les gens ne viennent plus pour les autres maladies. D'ailleurs, je crains beaucoup la reprise…