Est-il vrai que la pollution à Paris n’a pas diminué pendant le confinement ?
«Logiquement, avec […] l'arrêt d'une bonne partie de l'activité économique et la baisse spectaculaire de la circulation automobile […], la qualité de l'air aurait dû considérablement s'améliorer (en région parisienne). Il n'en est rien…» affirme un article publié par la revue Transitions & Energies, repris par Causeur (avec qui elle partage son directeur de publication, Gil Mihaely).
Le journaliste s’appuie sur l’indice Citeair mis en ligne par Airparif, qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France. En mars et depuis début avril, la région a connu plusieurs épisodes de pollution, dont un pic le 28 mars.
Est-ce à dire que la qualité de l'air ne s'est «pas vraiment» améliorée depuis le 17 mars ? Pierre Pernot, d'Airparif, explique : «C'est le polluant qui a l'indice le plus fort qui va donner l'indice final. Ainsi, si les effets du confinement sont sur un autre polluant, cela ne va pas se voir. Quand on regarde l'impact d'un événement, il faut le faire polluant par polluant.»
Par ailleurs, «il faut comparer avec les mêmes conditions météo, les mêmes activités, la même chimie dans l'atmosphère, et la même pollution qui provient d'ailleurs». Bref, les comparaisons doivent s'effectuer non pas entre deux périodes mais sur une même période en établissant un scénario sans et un avec l'événement dont l'impact est étudié (ici, le confinement).
Dans son bilan du 17 mars au 6 avril, Airparif effectue des comparaisons entre «une situation normale et les trois premières semaines d'application du confinement, avec des conditions météo comparables». Et observe bien des effets positifs : «Une amélioration conséquente de la qualité de l'air pour le dioxyde d'azote (polluant local principalement émis par le trafic) de - 20 % à - 35 % selon les semaines», et «une diminution des rejets dans l'atmosphère de dioxyde de carbone (CO2), estimée à près de 30 %».
En revanche, l'impact est «moindre pour les particules (PM10 et PM2,5), dont les sources sont à la fois plus nombreuses et pas seulement locales». C'est ce qui est visible avec l'indice Citeair. La baisse du trafic n'a pas compensé les émissions liées au chauffage résidentiel et aux activités agricoles, ni l'impact de la météo printanière.