Grégoire, étudiant en école de commerce à Lille, est confiné depuis le 16 mars à Toulouse, sa ville d'origine, avec six amis. Une expérience qui le ravit.
«Je suis confiné avec six autres personnes d'environ mon âge. Nil, Victor, Marius et Ivan sont mes vieux amis, Anna est une amie de Victor et Léonie, sa petite sœur. En prévision d'un confinement long, on a décidé de tous se rejoindre dès le début et entre copains. On se connaît depuis longtemps, nos relations sont très peu conflictuelles et, étudiants dans différentes villes, on se voit moins souvent qu'on le souhaiterait, du coup ce fonctionnement a fonctionné comme une opportunité.
«C'est une colocation improvisée, avec ce que ça implique d'efforts de chacun pour que les tâches soient équitablement réparties. Il faut ajouter à ça la nécessité de laisser chacun respirer au sein de l'appartement. Tout ça se fait plutôt spontanément, nous n'avons pas eu à fixer un règlement intérieur ni à en discuter pendant des heures.
«Le principal inconvénient, ce sont les questions d'horaire. Parmi nous, il y a deux travailleurs, un livreur qui travaille en soirée et un veilleur de nuit, ça crée un certain décalage. Mais je vois surtout des avantages, notamment le temps que nous avons à consacrer les uns aux autres. On se rend compte en définitive – et contrairement à l'intuition qu'on pourrait avoir – qu'il est plus simple de vivre ensemble en confinement, tous disponibles pour les corvées et pour faire attention aux autres, que dans la vie active habituelle. Entre gens qui s'entendent profondément bien, du moins.
«On ne se sent que très peu entassés les uns sur les autres ou étouffés par le manque d'intimité, alors que nous partageons presque tous notre chambre à deux. Nous ignorons si c'est dû à notre bonne entente, avec ce confinement et cette proximité comme baptême de feu réussi, ou s'il est plus simple de vivre ensemble quand on n'a pas d'autre vie sociale, pour n'importe quel groupe d'amis, quelle que soit l'intensité des liens.
«In fine, le plus difficile à supporter pour moi, est le manque d'air frais, de diversité de paysages et de figures – le manque de stimulation, globalement. Mais c'est dans notre cas à grandement nuancer : nous avons six autres personnes avec qui échanger… La vie est douce entre bons amis. J'envisage le 11 mai comme la fin d'une période somme toute très heureuse.»