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Libération
Éditorial

Assumer

publié le 27 avril 2020 à 20h21

C'est LA faute originelle du gouvernement, celle qu'il n'est pas parvenu à effacer depuis le début de cette épidémie et qui l'empêche aujourd'hui de regagner la confiance perdue des Français. La pénurie de masques. Et, pire encore, le mensonge qui l'a accompagnée. On revoit tous Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, ou Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, affirmer avec aplomb dès les premiers jours de la crise sanitaire qu'il n'y avait pas besoin de masque car «il ne sert à rien» si l'on n'est pas soignant, c'est-à-dire au contact direct de la maladie. Entendons-nous bien : il est humain de se tromper, voire de sacrifier un besoin au profit d'un autre, jugé plus prioritaire ; après tout, le monde entier tâtonne depuis le début de cette crise. Mais alors il faut l'expliquer, et surtout l'assumer. Mentir sciemment pour cacher un manquement n'est pas acceptable. Si l'enquête menée par Libération confirme que le gouvernement précédent a sa part de responsabilité dans la faiblesse des stocks de masques à disposition, elle est aussi accablante pour les autorités actuelles, tant politiques que sanitaires. Elle pointe clairement le rôle de Jérôme Salomon dans ce fiasco, mais aussi ceux d'Agnès Buzyn, l'ex-ministre de la Santé et d'Olivier Véran, son successeur. Ces fautes fragilisent aussi le Premier ministre Edouard Philippe, alors que celui-ci présente ce mardi le plan qui rendra possible le déconfinement progressif de la population à partir du 11 mai. Un plan qui, pour être réussi et éviter de conduire à une nouvelle vague de contaminations, devra impérativement prévoir des… masques et des tests en nombres suffisants, ce qui n'est pas encore acquis. S'il veut convaincre, le Premier ministre doit se montrer précis et rassurant, mais aussi reconnaître les erreurs de son gouvernement.