Pas facile d’être ado en plein confinement. Lorine, 14 ans, a eu du mal à contenir sa colère les premières semaines. Toujours frustrée de ne pouvoir sortir, cette jeune marseillaise a tout de même réussi à trouver son rythme. Au programme : soirées prolongées devant la télé, discussions interminables avec les copains, grasses mat et rangement compulsif.
A retrouver: chaque jour dans Libé, une histoire de confiné
«Les deux premières semaines, c’était l’enfer. Je voulais sortir, m’aérer. Un rien m’énervait. Je pétais des câbles, je me mettais à pleurer pour un rien. D’habitude je vais en cours, je vois mes amis, je fais beaucoup de judo. Je ne suis pas tout le temps à la maison comme aujourd’hui. En plus, au début, il faisait beau. Je prenais ça un peu comme des vacances sauf que je ne pouvais pas sortir et j’avais plein de boulot. Ma mère comprenait ma frustration et me laissait m’énerver toute seule, elle ne rentrait pas dans mon jeu. J’étais insupportable, très irritable.
«Au fur et à mesure, mon envie de sortir s’est dissipée. J’ai commencé à trouver un rythme à partir de la troisième semaine de confinement. Je me suis habituée, mais il me tarde de voir mes amis quand même. En dehors de ma meilleure amie, pas un seul élève de ma classe a pris de mes nouvelles donc je me rends compte que ça va rester des collègues de classe. Mes copains sont dans d’autres classes ou dans différents collèges. On parle beaucoup par Facetime, on discute longtemps, pendant des heures parfois. On s’engueule plus facilement aussi parce qu’on est un peu sur les nerfs et on peut mal interpréter certains messages. Mais on se dispute et après c’est fini. J’espère les voir le 11 mai. On respectera les mesures de sécurité. On a été mis à l’épreuve donc on a bien compris, on veut sortir, se voir, mais on fera attention.
«Je m’ennuie tellement des fois. Je me demande comment c’est possible de s’ennuyer autant. Alors je suis devenue maniaque. Je n’arrête pas de ranger ma chambre. Je me suis un peu remise à lire aussi et je cuisine des gâteaux maintenant, comme des pancakes. Je poste beaucoup moins de choses sur les réseaux sociaux, comme Snapchat. D’habitude, je prends des photos quand je suis en ville avec mes amis et je les mets en stories. Mais là, je ne fais rien d’intéressant.
«Je passe beaucoup de temps devant la télé. Je suis sur Netflix, j'y regarde surtout des séries de sorcières, et j’ai vu au moins une quinzaine de dessins animés sur Disney+. Le soir je me couche super tard, à 3 heures du matin en moyenne, même des fois à 6 heures. Je me lève entre 13 heures et 15 heures et je travaille l’après-midi. Ça va, j’ai de bonnes notes. Ma mère ne veut pas que je retourne à l’école en mai et moi non plus. Je peux travailler à mon rythme à la maison. Et si je ne veux pas faire quelque chose, je le fais le lendemain.
«La première chose que je ferai à la fin du confinement ? Aller à McDo ! C’est ce qui me manque le plus. J’y allais au moins une fois par semaine avant.»