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Libération
Reportage

Marchés : faute d'étals, le succès du panier confiné

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Cueillis à froid par l'injonction de fermer, les commerçants des marchés ont mis les bouchées doubles pour livrer des produits frais. A la grande satisfaction des clients et du marché de gros de Rungis, dont l'activité est un peu repartie.
(Photo Marc Chaumeil. Divergence)
publié le 30 avril 2020 à 10h02

C'était un samedi de marché boulevard Edgar-Quinet dans le XIVe arrondissement de Paris. Ce jour-là, Hakim, marchand de fruits et légumes, dit à ses clients : «A mon avis, la semaine prochaine, on n'est plus là.» Effarés, certains ont couiné : «Et des livraisons ? Vous ferez des livraisons ?» Le commerçant a répondu que oui, probablement, il en ferait, que sa femme et lui allaient collecter les numéros de portable et qu'on allait s'organiser. «Mais une fois à la maison, raconte-t-il, on a regardé et on a vu que des "06", on en avait dix… On s'est dit : ça vaut pas la peine.» Or, les dix en question ont relancé, parfois avec deux ou trois voisins intéressés dans la poche, et «d'autres gens m'ont trouvé sur internet», dit-il encore. Résultat, dès le samedi suivant, Hakim et Isabelle livraient 18 premiers clients.

Quatre semaines plus tard, les voilà à 50 livraisons par semaine, monsieur et madame dans le camion, leurs acheteurs en bas de l'immeuble, paiement par carte bancaire comme au marché, la file d'attente en moins. Le mardi soir, Isabelle envoie la liste des produits disponibles par SMS. Pas de site web et pas de chichis : «Vous pouvez copier-coller la liste et retirer les produits que vous ne voulez pas», écrit-elle. Le mercredi, Hakim file à Rungis avec sa liste de commissions. «Et on livre le jeudi, le vendredi et le samedi.» Le périmètre est celui des marchés qu'ils font d'habitude : Edgar-Quine