Chargée d'évaluer les éventuelles violations de droits et libertés dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) vient d'émettre une série d'avis cinglants. Son président depuis février, l'avocat Jean-Marie Burguburu, pointe les risques de cet état d'exception qui risque de durer.
Que vous inspire la prolongation de deux mois de l’état d’urgence sanitaire, qui doit être examinée par le Parlement à partir de lundi ?
Je suis d’abord frappé par le phénomène d’accoutumance qui accompagne ces états d’exception. Qui aurait imaginé il y a encore quelques mois que les Français accepteraient si facilement de rester confinés chez eux ? Lorsque les villes chinoises ont commencé à se fermer, combien considéraient qu’une telle situation n’était possible qu’en raison de la dictature communiste, et que ça ne marcherait jamais chez nous ? Pourtant, ça a marché. On reçoit des injonctions et on les exécute car notre santé est en jeu. C’est la même chose pour le masque, dont le port, désormais encouragé, va être encadré jusqu’à devenir la norme alors que c’était inconcevable il y a peu.
A cette accoutumance des citoyens, il faut ajouter une facilité pour les gouvernements. Après la loi instaurant l'état d'urgence antiterroriste de 2015, on a vu certaines mesures de contrôle des citoyens perdurer, en matière pénale notamment. La population a acc