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Libération
A nos lecteurs

La com gouvernementale est une chose, le travail des rédactions en est une autre

publié le 1er mai 2020 à 20h31

Depuis la mi-avril, le gouvernement publie sur son site une liste de liens renvoyant à des articles de presse destinés à réfuter les fake news qui circulent en France à propos de l’épidémie de coronavirus. Cette initiative qui paraît animée d’une intention louable - lutter contre la désinformation - pose néanmoins trois problèmes.

D'abord, les directions des journaux concernés - celle de Libération en tout cas - n'ont pas été informées avant qu'elle soit mise en œuvre. Le service CheckNews a seulement été prévenu une fois la page de liens publiée.

Ensuite, les articles cités sur le site du gouvernement émanent des journaux qui comportent un service dédié de «fact-checking», ce qui a pour effet d'en éliminer les autres et introduit une distinction difficile à justifier. Le choix des liens appartient entièrement aux services gouvernementaux, selon des critères inconnus, ce qui pourrait laisser croire au public que le gouvernement s'institue en juge de la qualité de tel ou tel article et appose une estampille officielle sur telle ou telle production journalistique. La communication gouvernementale est une chose, le travail des rédactions en est une autre. Cette publication sans autre forme d'explication risque d'introduire une confusion dans l'esprit des lecteurs, d'autant que sa promotion a été faite par Sibeth Ndiaye, qui occupe le poste très politique de porte-parole du gouvernement. Nous tenons donc à bien préciser que cette initiative ne recouvre aucune forme que ce soit de partenariat entre Libération et les services de communication gouvernementale.

Enfin, à tout le moins, et en réservant notre jugement sur la suite de l’opération, le site du gouvernement doit avertir très clairement ses lecteurs que cette liste de liens, qui s’apparente à une revue de presse, n’engage en aucune manière les titres concernés quant au choix des articles référencés, choix auquel nous sommes tout à fait étrangers.