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Libération
Enquête

Comment la médecine hospitalière a fait la «guerre» au Covid

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
L'épidémie du coronavirus a mis une pression inédite sur notre système de soins. Pour rendre compte de la situation, le chef de l'Etat a décliné sur le terrain médical la métaphore guerrière. D'aucuns ont même fait un parallèle avec la «médecine de guerre». Une comparaison contestable, même si le coronavirus a sérieusement bousculé le fonctionnement habituel des hôpitaux.
Dans le Grand-Est et en Ile-de-France, les transferts de patients ont amorti les risques de détérioration des soins. Ici, un transfert de patients d'Ile-de-France vers la Bretagne, le 1er avril. (Eliot Blondet/POOL/REA/Photo Eliot Blondet. REA)
publié le 2 mai 2020 à 9h43

La crise du coronavirus a-t-elle réellement fait basculer nos hôpitaux dans une «médecine de guerre» ? Depuis l'allocution d'Emmanuel Macron le 16 mars, la rhétorique guerrière ne cesse de se décliner sur le terrain médical : face à un «ennemi» invisible, les soignants «en première ligne» font tout leur possible pour tenir le front. Le discours a infusé. Les professionnels de santé ont eux-mêmes recouru à la métaphore pour tenter de traduire l'ampleur de l'épidémie et l'intensité de la pression sur les établissements hospitaliers. Au plus fort de la crise, certains ont même usé de l'expression «médecine de guerre» pour alerter sur l'environnement de travail inédit du corps médical. Comme une intrusion de lointains conflits dans un espace national que l'on croyait préservé.

«Je trouve l'utilisation de ce terme déplacée vis-à-vis de nos collègues qui travaillent sous les obus et voient des corps déchiquetés. Mon hôpital n'a jamais été bombardé, tempère Alexandre Demoule, chef de service de médecine intensive réanimation à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Après, il est vrai que cette situation exceptionnelle nous a conduits à réfléchir à certains concepts