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Libération
Interview

«Ne pas rouvrir les écoles, ce n’était pas une décision facile à prendre»

Le maire de Lens, Sylvain Robert (PS), ainsi que les 35 autres édiles de l’agglomération, ne voient pas comment appliquer les directives du protocole le 11 mai.
Nombre d’établissements devraient rester vides le 12 mai. (Photo Teresa Suarez. Réa)
publié le 4 mai 2020 à 20h51
(mis à jour le 4 mai 2020 à 21h02)

Sylvain Robert est maire de Lens (PS) et président de la communauté d’agglomération Lens-Liévin, dont les 36 communes s’opposent à la réouverture de leurs écoles le 11 mai.

Comment avez-vous pris cette décision collective ?

Ce n’était pas une décision facile à prendre. Notre but premier n’est pas de fermer les écoles mais de voir comment nous pouvions appliquer le dispositif. Depuis le début de la crise, le conseil scientifique donne le «la» sur lequel tout le monde se met au diapason. Or là, nous avons une décision qui s’écarte de sa recommandation d’ouvrir les écoles en septembre. Dès les annonces de Jean-Michel Blanquer, nous avions travaillé sur plusieurs plans de reprise, en fonction du nombre d’écoles dans nos communes. Ce n’est pas une question de volonté mais d’application concrète du protocole. Ce n’est pas une position politicienne. C’est une position politique dans le sens de la «vie de la cité» : comment on s’occupe de notre population ?

Quelles sont vos principales difficultés ?

Si je prends le cas de Lens (3 000 écoliers dans 27 établissements), au début de la crise, nous avons livré à l’hôpital nos surblouses, charlottes et matériel de cantine pour leurs besoins et ceux des soignants libéraux. Nous avons reconstitué nos stocks en fonction de ce qui pouvait être mobilisé, parce qu’il y a de la tension sur ces équipements-là. Notre stock actuel nous permet globalement de recommencer l’école dans des conditions traditionnelles, mais pas dans des conditions de surdésinfection ou surencadrement, avec un nombre d’agents démultiplié par rapport à d’habitude, que nous demande le protocole. Il faut tenir compte des moyens humains nécessaires pour encadrer les enfants, plus les désinfections supplémentaires qui doivent se faire. Aujourd’hui, avec toutes ces considérations-là, nous ne sommes pas en capacité d’accueillir dans de bonnes conditions, de rassurer les parents, les enfants, les enseignants et d’être cohérents avec nos agents en service.

Quelles sont vos relations avec les représentants locaux de l’Etat sur ce sujet ?

Nous avons des réunions avec le directeur académique et le sous-préfet. Le dialogue n’est pas rompu. Pour nous, il s’agit de dire qu’aujourd’hui les conditions ne peuvent pas être remplies par nos collectivités. Nous ne sommes pas parmi les communes les plus riches. Ce serait utile qu’on puisse augmenter l’encadrement ou l’accompagnement du temps scolaire et périscolaire, mais nous n’avons pas la possibilité financière de faire les recrutements nécessaires. Les disparités entre les communes existaient déjà avant, mais elles sont peut-être plus criantes dans ces situations-là.