Un matin d’avril, une trentaine de visages se sont figés à leurs balcons. Qui vient-on chercher ? Qui est contaminé ? Des gens en combinaisons, armures anti-Covid, se sont pressés dans un quartier populaire de Pantin, avant de s’engouffrer dans un immeuble. La réponse porte un uniforme : c’est le gardien. Quelques heures plus tôt, il s’était comme d’habitude occupé du nettoyage. Le voilà marchant escorté de soignants en blanc. De nombreux locataires aimaient à répéter que cet homme n’était pas à la hauteur de la fonction. Trop dilettante, pas assez débrouillard, trop brouillon. La maladie lui a rendu ses lettres de noblesse. Des habitants ont appelé l’hôpital pour prendre des nouvelles, se réjouissant d’apprendre qu’il allait mieux. Des locataires se sont mobilisés dans cette cité calme pour éviter que la saleté ne prenne ses aises. Quelques courageux nettoient les parties communes et les espaces verts. Un remplaçant est arrivé, mais à mi-temps, simplement pour le minimum.
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Finalement, le titulaire n’était peut-être pas si mauvais. Le couple Seine-Saint-Denis et gardien d’immeuble n’est pas fondamentalement différent qu’ailleurs, à la nuance près que le territoire est par endroits plus pauvre, sur-bétonné et dangereux. Sur ce plan, le coronavirus est un