Il est environ 16h40 ce vendredi 1er mai. Afin d'honorer cette date tout en restant confinée, Anaïs (1), 42 ans, décide de tendre une banderole à sa fenêtre, et de diffuser quelques incontournables de la fête des travailleurs. Sur la grande bande de tissu, déployée avec l'aval de sa voisine prévenue en amont, il est écrit : «Solidarité, vive la sécu». Quant à ses enceintes d'ordinateur, elles crachouillent tantôt l'Internationale, tantôt des morceaux de la Fanfare invisible. Le tout dure, «grand max», trente minutes selon Anaïs.
Soudain, des cris se font entendre. Au pied de l'immeuble, situé rue Barbanègre dans le XIXe arrondissement de Paris, quatre policiers somment la jeune femme de couper la musique et de retirer sa banderole. «Dès le début, ils me paraissent inutilement agressifs et impolis pour une intervention aussi banale. Surtout, ils ne supportent pas que je questionne le bien-fondé de telles injonctions», raconte Anaïs. Pour ne pas que le ton s'envenime, elle stoppe illico la musique. Mais doit tout de même se soumettre à un contrôle, au rez-de-chaussée du bâtiment, munie de sa carte d'identité.
«Ben quoi, ça vous fait peur ?»
Arrivée dans le hall, Anaïs constate «qu'un seul des quatre policiers est équipé d'un masque chirurgical». Par conséquent, elle demande à rester derrière la porte vitrée, et plaque son document d'identité contre le carreau. Un geste qui n'est pas du goût de l'un des agents, confie-t-elle. Il exige de pouvoir