Douche froide pour ceux qui croyaient la quille arrivée, avec bamboche à la clé : ce week-end, à J-1 du déconfinement français, ce sont deux nouveaux foyers de contamination qui ont été rendus publics, l’un à Chauvigny dans la Vienne, l’autre à Eglise-Neuve-de-Vergt en Dordogne, soit deux lieux situés en «zone verte» et, qui plus est, peu denses en population, donc a priori à l’abri d’une circulation massive du Covid-19.
Mais les fêtards dans les starting-blocks existent-ils seulement ? A la veille du 11 mai, Libération est allé sonder l'état d'esprit de ces confinés qui le seront moins, en zone verte comme rouge. La carte «ambiance» qui en ressort est bien moins nette que celle du «déconfinement progressif» établie par le gouvernement. Ni rouge ni verte : plutôt gris clair.
Les allègements liés au déconfinement ? Les Français en font peu de cas. Ne plus être soumis à l'attestation de déplacement dérogatoire, par exemple, n'entraîne aucune danse de la joie - il est vrai qu'elle reste nécessaire au-delà des 100 kilomètres à vol d'oiseau, et qu'une attestation de l'employeur sera requise pour subir le métro aux heures de pointe en région parisienne. Motus aussi sur l'ouverture des parcs et des jardins en zone verte, ou la liberté retrouvée pour le sport individuel en extérieur. Les motifs de satisfaction sont plus généraux et touchent à l'essentiel : «La vie continue», «s'aérer l'esprit», «retrouver mon plein salaire».
Les sources d’inquiétude, elles, sont précises. Elles convergent vers le même point noir : le risque de promiscuité engendré par le déconfinement. Respecter et faire respecter les mesures de précaution sanitaires dans les transports en commun, les commerces, sur les lieux de travail, à l’école, mais aussi, tout simplement, dans la rue : pour tous, le pari est loin d’être gagné d’avance. Au point que certains regrettent la bulle protectrice du confinement. Fidèle à lui-même, le gouvernement sermonne toujours les Français. Peut-être inutilement. Ces témoignages prouvent qu’ils ont pris la mesure du Covid. Et qu’ils savent qu’ils devront désormais vivre avec lui, pour de longs mois.