Leur rideau était tiré depuis le 16 mars, une date qui restera dans leur mémoire comme un traumatisme : matériel remisé, machines à l'arrêt, stocks périssables foutus, salariés au chômage partiel forcé… Et l'angoisse de ne pas avoir assez de trésorerie, avec les factures qui continuent à tomber, pour tenir, tenir jusqu'au déconfinement. Comme 800 000 autres entreprises et commerces considérés comme «non indispensables» et/ou recevant du public, leur boutique, leur librairie, leur manufacture étaient totalement à l'arrêt ou presque depuis deux mois. Des magasins fantômes dans des villes rongées par l'angoisse de l'épidémie. Mais ces propriétaires, tenanciers ou patrons, s'autorisent enfin à reprendre espoir malgré les soucis financiers et le casse-tête des mesures sanitaires à prendre pour accueillir à nouveau des clients. Ils s'estiment heureux : eux rouvriront ce lundi, contrairement aux restaurants, aux cafés, aux cinémas, aux salles de sport… A la veille de ce fameux 11 mai, jour de délivrance à défaut de pouvoir parler de liesse, Libération a donné la parole à cinq petits patrons, artisans, commerçants, aux quatre coins de cette France marquée par deux mois de confinement et de gel de l'activité économique.
«Nos clients viendront couper trois centimètres au lieu d’un»
Photo Aimée Thirion pour Libération
Pascal Debliqui, 47 ans, gérant du salon barbier-coiffeur Bliss pour l’homme, dans le centre de Lille
«Les gens ont hâte de passer chez le coiffeur-barbier. Chaque fois qu’il y a eu une annonce du go