Après deux mois de confinement forcé, chacun a pu mesurer la valeur de la première des libertés fondamentales, celle de circuler librement. Mais c'est un autre sujet qui inquiète aujourd'hui les défenseurs des libertés : celui du «respect de la vie privée». Garanti par l'article 9 du code civil malgré l'absence de toute définition légale, ce droit est au cœur des problématiques soulevées par plusieurs des dispositions mises en place dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, au premier rang desquelles la stratégie de contact tracing décidée par l'exécutif. Dispositif clé de la réponse gouvernementale, le dépistage des cas positifs est crucial pour endiguer la progression de l'épidémie et éviter la formation de nouveaux foyers de contamination, les fameux clusters. L'objectif est clair : casser les chaînes de transmission. Les nouvelles bases de données Si-Dep et Contact Covid doivent le permettre. La première centralisera les résultats des tests des cas positifs, symptomatiques ou non. La seconde recensera les personnes ayant été en contact avec eux. Un listing en règle des personnes et de leur «historique de navigation» sociale, épouvantail des dérives possibles de la société de surveillance qui nous guette. Le remède ne s'annonce pour autant pas pire que le mal. Les garanties apportées par les autorités, entérinées par la Cnil, validées par le corps médical, semblent écarter la menace sur l'utilisation des données personnelles. Si le signalement des personnes positives au test PCR est obligatoire, donner des informations détaillées sur ses déplacements et les personnes contacts ne le sera pas : de quoi rassurer sur l'objectif sanitaire de l'opération. Dans cette crise, au droit d'être soigné s'ajoute un devoir de solidarité. Un appel à la responsabilité individuelle qui n'enlève rien à la légitimité du débat sur la vigilance.
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