Ils commencent à dérouler leur pensée, butent, marquent une pause et puis glissent : «Je réfléchis en vous parlant.» Le Covid-19 a désarmé des hommes et des femmes politiques habitués à marteler des messages clés et à couler le réel dans leur moule idéologique. Le constat de notre vulnérabilité, la confrontation à la mort et le confinement ne les ont pas épargnés. «On est tous un peu à fleur de peau», assure la sénatrice LR Céline Boulay-Espéronnier. «Chamboulés» ou «perturbés», disent d'autres. Lors d'une de ses adresses à la nation, le chef de l'Etat, lui, a choisi de parler d'un «ébranlement intime et collectif».
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Pour le philosophe Jean-Claude Monod, «la moitié du monde est à l'arrêt, c'est un événement, c'est-à-dire quelque chose d'imprévisible qui oblige à repenser. Il y a d'abord eu une sorte de sidération, puis des réflexions sur la société et ses échanges, sur les biens nécessaires et superflus». En nous obligeant à nous interroger sur la façon dont nous voulons vivre, la crise sanitaire a invité la politique dans tous les foyers. «C'est une époque éminemment politique dans le sens de la gestion de la cité, juge le socialiste Jean-Chri