Menu
Libération
Éditorial

Optimisme

publié le 15 mai 2020 à 20h56

«Comment peut-on faire subir cela à des enfants !» La photo d'écoliers cantonnés dans des carrés de craie tracés sur le sol, publiée sur les réseaux sociaux en début de semaine, a spontanément suscité l'indignation. Or, loin de la «garderie carcérale» dénoncée par les plus virulents, les enfants «riaient entre eux» précisera plus tard l'auteur du cliché. Raté, bande d'adultes ! En ne les voyant que comme des êtres fragiles et à protéger, les plus grands oublient que les enfants sont des spécialistes de l'adaptation. Leur sociabilité est plus spontanée. D'abord libres des normes, ils savent les intégrer à mesure qu'ils grandissent dans la règle de leurs jeux. Interroger l'impact psychologique du confinement sur les plus jeunes s'avère donc complexe. L'isolement, la réduction des relations avec les copains, le tête à tête prolongé avec les parents ont bien évidemment pu peser, créer des traumatismes, aggravés quand l'environnement familial est violent. Mais ce repli forcé a aussi permis, dans de nombreux foyers, de retrouver le temps de partager séries télé ou jeux vidéo, de jouer en famille, de parler tout simplement. Si pour certains, le retour à l'école sonne comme une libération, d'autres ont vécu le confinement comme une parenthèse enchantée dont on redoute la fin. Comment nos enfants se souviendront-ils de ces deux mois ? Nul ne peut le dire. Mais l'optimisme que les plus jeunes semblent opposer aux angoisses de leurs aînés sera, à n'en pas douter, le meilleur ingrédient du «monde d'après» à inventer. Celui qui restera, après nous, le leur.