Menu
Libération
Déconfinement

Au centre commercial, «le business reprendra doucement si les clients sont rassurés»

A Saint-Genis 2, en périphérie de Lyon, les clients reviennent doucement en ce premier week-end de déconfinement.
Au centre commercial Saint-Genis 2, samedi. (Bruno Amsellem / Divergence pour/Photo Bruno Amsellem. Divergence pour Libération)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon, photos Bruno Amsellem
publié le 17 mai 2020 à 9h14

Certains sont venus avec une idée bien précise en tête, d'autres pour flâner le long des vitrines. Comme avant. Au centre commercial de Saint-Genis 2, qui s'étend sur 50 000 m2 en périphérie de Lyon, chaque entrée est filtrée – clients de l'hypermarché d'un côté, visiteurs de la galerie marchande de l'autre. Durant le confinement, seules 8 des 95 boutiques sont restées ouvertes. Hormis les restaurants qui ne font ni ventes à emporter ni livraisons, les autres ont pu relever le rideau lundi dernier.

Ce premier week-end déconfiné fait office de test. «Nous y allons piano aujourd'hui, nous sommes sur la sécurité à 200%, le business reprendra doucement si les clients sont rassurés», considère Benjamin Tardy, le directeur du centre dont la Société des centres commerciaux est copropriétaire. Ce samedi, à 14 heures, 6 000 personnes ont déjà franchi ses portes depuis l'ouverture. Habituellement, cette journée est le pic de la semaine, avec 25 000 visiteurs, soit près du tiers du flux hebdomadaire.

Le mall ne peut pour l'instant accueillir qu'une personne pour 10 m2. Pour aider à respecter la consigne, une option coupe-file, qu'on peut réserver en ligne, a été mise en place. Pour le moment, il n'y a pas foule devant l'accès à la galerie, pas besoin de dégainer son QR code. L'innovation a surtout «beaucoup rassuré les autorités, ça permet en théorie d'étaler le trafic du centre commercial, ça a été un argument important pour la préfecture», explique Benjamin Tardy.

Hi-fi et coiffure

Alors, que brûle-t-on d'acheter, après deux mois à se cantonner aux repas et à la pharmacie ? A Saint-Genis 2, le déconfinement profite d'abord aux vendeurs de hi-fi, de cosmétiques, de bijoux et aux coiffeurs. Dans un salon de la galerie, Stéphanie, 37 ans, patiente les cheveux couverts d'une pâte bleu ciel. «J'ai une coupe courte, donc ça se voit vite quand je ne vais plus chez le coiffeur. Mais j'étais en télétravail pendant deux mois et demi, ce n'était pas très grave capillairement», rigole cette employée d'assurance. Elle a quand même pris rendez-vous en ligne le 26 avril pour ce premier samedi de liberté.

Photo Bruno Amsellem. Divergence pour Libération

Maud, 47 ans, commerciale, s'était juré «de ne pas sortir comme ça», sans être passée par la case coupe-tifs. Mais elle n'a pas réussi à arracher un créneau. Elle a deux sacs d'une enseigne de cosmétiques à la main : «Comme on va se remettre à voir des amis, ce sont de petits cadeaux pour les anniversaires en retard.» Sa faim de shopping reste «mitigée» : «On ne sait pas encore si on va pouvoir essayer les vêtements, on nous dit qu'ils ont été désinfectés, qu'on peut les rapporter plus tard, on va voir.»

Les boutiques d'habillement du centre commercial ont jusque-là été boudées. Metin et Gulsah sont dépités de devoir attendre une demi-heure pour se réapprovisionner en bodies, collants et chaussettes, mais leur fille de 10 mois «ne rentre plus dans rien». Au début du confinement, les trentenaires avaient passé une commande en ligne, «jamais arrivée». Plus loin, Marion, 50 ans, et sa fille de 16 ans patientent devant un magasin de fringues pour ados. Armelle a le droit à un budget de 30 euros. «C'est important de voir les marchandises, ce n'est pas la même chose que derrière un écran», dit sa mère. Comme elles ne portent pas le masque de rigueur, la vendeuse leur indique avec tact une pharmacie, où la boîte «promo» de 50 modèles chirurgicaux coûte 35 euros.