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Déconfinement

En Bretagne les plages rouvrent, les restaurants espèrent «limiter la casse»

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S’ils sont rassurés par la promesse d’un tourisme autorisé à l’été, professionnels du tourisme et élus bretons restent inquiets de l’absence de touristes étrangers et du maintien de la fermeture des restaurants.
Des personnes font du kitesurf sur la côte de Douarnenez, en Bretagne, jeudi. (Fred TANNEAU/Photo Fred Tanneau. AFP)
publié le 17 mai 2020 à 12h53

En Bretagne, où le secteur du tourisme représente quelque 58 000 emplois, les mesures annoncées jeudi par le Premier ministre Edouard Philippe ont été accueillies avec soulagement. Même si les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration n’ont qu’un mot d’ordre pour la prochaine saison : «Limiter la casse».

«Les mesures gouvernementales vont dans le bon sens, c'est ce qu'on attendait», se félicite Jean-Paul Chapalain, qui a présidé une plateforme sur la sortie de crise sous l'égide de la CCI et du Comité régional du tourisme. Lui-même patron d'un hôtel à Roscoff et d'un autre au Conquet (Finistère), comptant plusieurs dizaines d'employés et fermés durant la période de confinement, cet élu consulaire espère une «saison relativement conséquente mais décalée» qui pourrait se prolonger jusqu'en septembre et octobre. Et, s'il demeure «inquiet pour la restauration pure» et s'attend à des dépôts de bilan en fin d'année, il se réjouit de la réouverture des plages. «C'est un signal fort, souligne-t-il. En Bretagne, notamment dans le Nord-Finistère, ce sont des espaces sauvages qui ne présentent aucun problème de promiscuité.»

«Les conditions d’accueil sont encore dans le flou»

Tout en restant «raisonnablement confiant», Nicolas Dayot, président des fédérations régionale et nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA), partage le même satisfecit, indiquant qu'en Bretagne 80% du chiffre d'affaires des campings se fait en juillet et en août. «Edouard Philippe a pris une ligne claire en annonçant qu'on pourrait partir en vacances cet été, se félicite-t-il. L'effet a été immédiat sur les sites de réservations où, du jour au lendemain, les flux ont bondi.» Nicolas Dayot indique également qu'en Bretagne, les campings sont fréquentés à 80% par des Français. Et, si les professionnels du tourisme de la région ont fait «une croix» sur la clientèle étrangère, ils misent beaucoup sur les visiteurs de proximité. «Il reste cependant à officialiser les protocoles sanitaires, plaide le président de la FNHPA. Pour acheter du matériel, communiquer. On s'y prépare mais les conditions d'accueil réglementaires sont encore dans le flou.»

Si l'argent promis par le Premier ministre au secteur du tourisme et la possibilité de prêts garantis par l'Etat ont mis du baume au cœur, tout comme la prolongation de l'exonération des charges, l'inquiétude n'en reste pas moins patente. Agnès Le Brun, maire (divers droite) de Morlaix (Finistère) et conseillère régionale, en appelle au «patriotisme touristique» des Français, tout en s'alarmant de la probable défection des visiteurs étrangers, notamment d'Europe du Nord. «Ils n'ont pas le même pouvoir d'achat et il n'est pas sûr qu'une semaine à 2 500 euros à Carantec trouve aussi facilement preneur», note-t-elle.

L’édile, qui réfléchit à la manière d’organiser la seconde édition du festival du Graffiti Tour, rappelle également qu’outre le tourisme patrimonial ou familial sur le littoral, la Bretagne attire aussi des dizaines de milliers de visiteurs avec ses très nombreuses manifestations culturelles, telles les Vieilles Charrues, le Festival du bout du monde ou encore le festival de Cornouaille, annulées comme beaucoup d’autres cette saison. «Cela a été un choc de voir la liste des annulations, confie Agnès Le Brun. Il va falloir inventer des plus petits formats et aussi bien communiquer.» Une tâche a laquelle réfléchit d’ores et déjà le Comité du tourisme breton.