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Libération

Conforama fragilisé, But en embuscade

publié le 18 mai 2020 à 20h41

Quel avenir pour Conforama ? L’un des principaux distributeurs de meubles dans l’Hexagone avec 8 600 salariés, 310 magasins et 3,1 milliards de chiffre d’affaires, est dans une mauvaise passe. Ses ennuis ont débuté avant la crise sanitaire. L’an dernier, l’enseigne a licencié 1 900 salariés et fermé 42 magasins. Elle semblait remonter la pente lorsque l’épidémie l’a contrainte à baisser le rideau deux mois. Seule une vingtaine d’établissements a rouvert aujourd’hui.

Conforama, comme d'autres, a sollicité un prêt garanti par l'Etat afin de reconstituer sa trésorerie. Le montant demandé est de 322 millions d'euros. Un groupement de quatre banques - HSBC, LCL, Crédit du Nord et BNP-Paribas - a été sollicité. L'Etat a accepté de porter sa garantie de 80 % à 90 %, afin de limiter les risques des quatre banques. Vendredi après-midi, une réunion sur ce prêt devait avoir lieu quand le représentant de la BNP a annulé sa présence sans même, selon certaines sources contactées par Libération, prévenir les autres participants. Depuis, la demande de prêt est dans l'impasse et Conforama a fait savoir au ministère de l'Economie que les salaires de mai et juin pourront être honorés, mais pas au-delà. Faute de solution, le dépôt de bilan serait donc inévitable.

Dans ce contexte tendu, un autre acteur est à la manœuvre : But, concurrent de Conforama avec 215 magasins en France et 2,2 milliards de chiffre d'affaires. Son PDG, Alexandre Falck, le confirme à Libération : «Nous avons fait une offre de reprise sur la totalité des magasins et l'ensemble des salariés de Conforama. En revanche, nous ne sommes pas prêts à reprendre la dette financière.» Pour un rachat de cette nature, l'autorisation du tribunal de commerce serait nécessaire et signifierait que les propriétaires de Conforama aient décidé de jeter l'éponge. La suite va donc dépendre de l'attitude de l'Etat et des banques, au premier rang desquelles BNP-Paribas. Si le prêt est rejeté, Conforama déposera son bilan et pourra potentiellement être repris par But. Avec une inquiétude certaine pour ses 8 600 salariés. «Dans 90 villes, nous sommes en concurrence frontale. Je ne vois pas comment But et Conforama pourraient coexister», confie un responsable syndical.