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Interview

«Les familles populaires ont tendance à consacrer plus de temps à la classe à la maison»

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Une enquête sur la continuité pédagogique montre que les inégalités sociales se logent notamment dans la façon de transmettre le savoir.
A Strasbourg le 21 mars. (Pascal BASTIEN/Photo Pascal Bastien pour Libération )
publié le 18 mai 2020 à 16h33

Si certains collégiens et écoliers ont repris le chemin de l'école, nombre d'élèves continuent – au moins partiellement – d'étudier à la maison. Depuis le confinement, comment les familles se sont-elles approprié la transmission du savoir scolaire ? Grâce à un questionnaire en ligne, Romain Delès et Filippo Pirone, maîtres de conférences en sociologie de l'éducation à l'Université́ de Bordeaux, ont analysé les inégalités induites par cette continuité pédagogique. Romain Delès nous détaille les premiers enseignements de cette enquête nationale basée sur 120 questions, à laquelle plus de 30 000 parents ont répondu à ce jour.

Quels sont les premiers enseignements que vous avez tirés de cette enquête ?

On a creusé les aspects pédagogiques qui cassent une représentation courante d'une démission scolaire des familles populaires. Tout le monde, sans distinction d'origine sociale, déclare que le suivi scolaire à la maison dans cette période est absolument nécessaire, mais quand on regarde le temps passé «en classe» à la maison, on arrive à un résultat plutôt contre-intuitif. Les familles populaires ont tendance à y consacrer plus de temps (3h16 en moyenne) que celles issues des classes supérieures (3h07). De façon étonnante, ce sont les enseignants qui y passent le mo