Il faut mettre la main en visière sur le front pour en voir le bout. La rue Sainte-Catherine, à Bordeaux, c’est une grande ligne droite pavée d’1,2 km qui traverse du nord au sud le centre historique de la capitale girondine. Deux cent cinquante commerces - spécialisés en vêtements, chaussures, maquillage, déco, sport… - y ont leur adresse, soit l’équivalent de onze terrains de football en file indienne.
Demandez à un Bordelais, il pourra même s’enorgueillir d’avoir chez lui la plus grande rue piétonne et commerçante… d’Europe. Un temple de la consommation à ciel ouvert. C’est donc sans surprise que cette grande artère est devenue, depuis le déconfinement, le centre de toutes les attentions : comment une rue ultrafréquentée toute l’année imagine-t-elle la reprise d’activité dans le monde d’après ?
«Réaménagement expérimental»
Sur le papier, on l'imaginait peu compatible avec les règles de distanciation sociale. «Ça a été un défi, concède le maire LR de Bordeaux, Nicolas Florian. Mais pour la sécurité de tous, la réorganisation de l'espace était indispensable.» Sur ce constat, la rue Sainte-Catherine a été interdite aux vélos dès le 11 mai - pour éviter les bousculades - et divisée en deux parties distinctes. Au milieu, les riverains, passants et clients sont invités à circuler à gauche ou à droite selon leur direction. Des flèches peintes sur la pierre blanche font office de guide pour éviter les croisements. Sur les côtés, des «zones d'attente» sont matérialisées par un message écrit au