Lourdes, c’est une bouteille à la mère. Les messages à la Sainte Vierge ont explosé en volume et pris des accents beaucoup plus tourmentés avec la pandémie. 2 000 «intentions de prières» convergent chaque jour vers les sanctuaires de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, pour remplacer les pèlerinages toujours impossibles à cause des frontières verrouillées et de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 kilomètres en France. Antonietta écrit d’Italie : «Je te prie de protéger Antonio.» Une dame expose ses souffrances : «Je suis harcelée spirituellement et physiquement au travail.» Une autre âme liste les quatre priorités de sa vie : «Que tous mes souhaits ou projets se réalisent. Que ma jambe redevienne en bonne santé. Que je trouve l’homme qui m’est réservé. Que mes parents soient en bonne santé.» Requêtes libellées sur le ton du «tu» ou du «vous», à «la Sainte Vierge», «Marie», voire «maman», elle qui selon la tradition chrétienne est apparue en ces lieux, à la bergère Bernadette, en 1858. Pas de détails superflus. Pas de nom d’expéditeur dans certains cas, ni des personnes qu’il faut prendre sous sa protection. La Vierge sait.
Devant la basilique en béton, le père Nicola et le père Pascal consultent les dernières prières qu'on les a chargés de transmettre. Questions de vie et de mort. La santé, mais pas uniquement. Une mamie admet que le confinement se passe mal avec son petit-fils. Un couple se déch