Menu
Libération
second tour

Municipales : La République en marche attend la pelle du 28 juin

Alors que les listes pour le second tour doivent être déposées ce mardi, le parti majoritaire en est réduit à faire de la figuration dans plusieurs grandes villes, ou à s’allier avec la droite.
Thomas Cazenave, tête de liste LREM à Bordeaux, le 15 mars. (Photo Rodolphe Escher)
publié le 1er juin 2020 à 20h31

Les candidats au deuxième tour des municipales devront avoir déposé leurs listes en préfecture ce mardi avant 18 heures. Tout au long du week-end, les ultimes tractations se sont poursuivies dans certaines des 4 922 communes qui n’avaient pas élu leurs maires dès le premier tour le 15 mars.

Près d'un tiers des électeurs, pour la plupart concentrés dans les métropoles, seront concernés, le 28 juin, par ce scrutin dont le résultat ne fait globalement guère de doute. En dehors de quelques grandes villes où le jeu paraît ouvert (Strasbourg, Toulouse, Marseille, Lyon), les sortants sont partout les grands favoris après cette période de confinement qui leur a permis de jouer à fond la proximité avec leurs administrés. La majorité des sortants étant de droite, les dirigeants de LR peuvent déjà se permettre de savourer, en coulisses, une probable victoire au niveau national. En attendant le 28 juin, ils célèbrent surtout, comme leurs concurrents socialistes, le retour en grâce du bon vieux clivage gauche-droite, ce qui constitue une incontestable défaite pour La République en marche (LREM) et le chef de l'Etat. Le «dépassement», marque de fabrique de LREM, ne fait pas recette au niveau municipal. A Paris comme à Marseille, le parti est condamné à faire de la figuration. A Lyon, il s'est carrément sabordé : son candidat Gérard Collomb a été désinvesti après que ce dernier a scellé, jeudi dernier, un accord avec la droite locale et son chef, Laurent Wauquiez.

Figuration

Pour LREM, les rares espoirs de victoire se concentrent dans les villes déjà tenues par des macronistes. Certains ont d'ailleurs été élus dès le premier tour, comme le maire d'Angers, Christophe Béchu, ainsi que les ministres Gérald Darmanin à Tourcoing (Nord), Franck Riester à Coulommiers (Seine-et-Marne) et Sébastien Lecornu à Vernon (Eure). En ballottage relativement favorable au Havre, Edouard Philippe devrait, en toute logique compléter cette liste. Au terme d'un week-end de négociations, le communiste Jean-Paul Lecoq n'a pas trouvé d'accord de fusion avec l'écologiste Alexis Deck. La victoire semble également largement accessible à François Bayrou, maire sortant de Pau, qui avait recueilli plus de 45 % des suffrages au premier tour. Allié à LR, il peut aborder avec confiance le second.

Pour le reste, la majorité se voit le plus souvent condamnée à faire de la figuration. Ou à faire alliance avec des candidats de droite comme à Bordeaux où Thomas Cazenave, proche d'Emmanuel Macron, plaidait lundi pour la fusion de sa liste avec celle du sortant LR, Nicolas Florian, soutenu par François Bayrou. A Strasbourg, où la situation restait très incertaine lundi soir, c'est aussi avec le candidat LR Jean-Philippe Vetter qu'Alain Fontanel (LREM) semblait bien parti pour fusionner. Mais pour faire bonne mesure, le macroniste a lancé un appel au «dépassement». Dans une «lettre aux Strasbourgeois», il a lancé vendredi un ultime appel à la candidate socialiste Catherine Trautmann : «Plus que jamais, le clivage qui compte n'est pas celui entre les partis ou entre la gauche et la droite. Le clivage qui compte est celui qui sépare celles et ceux qui sont prêts à prendre leurs responsabilités et à se dépasser pour répondre à l'urgence.»

Ce que propose Fontanel, c’est donc une alliance contre la candidate écologiste Jeanne Barseghian, arrivée largement en tête au premier tour (27,87 % au premier tour) devant Trautmann, Fontanel et Vetter, tous trois entre 18 % et 19 %. Ce même front anti-Verts est à l’œuvre à Bordeaux, comme à Lyon, signant ainsi l’échec de la stratégie de rapprochement avec les écologistes, théorisée l’an dernier par les macronistes. Elle avait connu un commencement de mise en œuvre aux européennes de juin 2019 avec le ralliement de Pascal Durand (ex-EE-LV) et de Pascal Canfin, ministre de François Hollande, aujourd’hui président de la commission environnement du Parlement européen. Les municipales devaient confirmer ce mouvement. C’est raté.

Objectif

Quand ils ont choisi de fusionner leurs listes, les écologistes l’ont plutôt fait avec la gauche. En attendant Paris où les négociations entre David Belliard et Anne Hidalgo se poursuivaient lundi, les accords ont été signés à Rennes et à Nantes. Les macronistes se consoleront en voyant que cette reconstitution de l’union de la gauche à l’ancienne ne fonctionne pas partout. A Lille, cela n’a pas été possible entre la maire PS Martine Aubry (29,8 % au premier tour) et l’écologiste Stéphane Baly (24,5 %). Alliés dans l’actuelle mandature, ils n’ont pas trouvé d’accord sur la vidéosurveillance et sur le logement.

En marche vers une défaite annoncée, les candidats LREM ne regretteront peut-être pas trop que cette campagne contrainte par l'épidémie de Covid-19 reste essentiellement virtuelle. Interrogé par le Parisien, son délégué général, Stanislas Guerini, colistier d'Agnès Buzyn à Paris, assurait dimanche qu'il était d'ores et déjà assuré d'atteindre l'objectif des 10 000 élus municipaux LREM. Il disait aussi sa satisfaction d'avoir vu son candidat à Perpignan, le marcheur Romain Grau, se désister au profit du sortant LR Jean-Marc Pujol pour faire barrage au candidat du RN Louis Aliot. Dans ce front républicain, il a été rejoint par Agnès Langevine (EE-LV). Ce qui fait de la ville des Pyrénées-Orientales l'une des rares où une forme d'alliance écolo-macroniste aura été possible.