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Enquête

«The Epoch Times», l’art trouble de la mésinformation

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En pleine pandémie, le média, parfois relayé par Donald Trump, s’est illustré en diffusant sur son site français des informations complotistes, pro-Zemmour et anti-Macron. Emanation du mouvement anti-Pékin Falun Gong, sa ligne éditoriale est désormais proche de la droite nationaliste.
Au siège d’«Epoch Times», dans le XIIIe arrondissement de Paris. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 2 juin 2020 à 19h46

Le «documentaire» de 54 minutes, très bien produit, est apparu le 7 avril sur plusieurs plateformes en ligne. Au moment où nous écrivions ces lignes, il cumulait plus de 4 millions de vues sur YouTube. Intitulé «Tracking down the origin of Wuhan coronavirus» («A la recherche de l'origine du coronavirus de Wuhan»), il suit Joshua Philipp, présenté comme journaliste d'investigation à New York. Le héros, souvent filmé en position d'enquête face à son ordinateur ou en possession de documents confidentiels, multiplie les entretiens avec des experts et scientifiques. A grand renfort de questions («Que cherchait à cacher le gouvernement chinois ?») ou de mises en connexion et d'incertitudes, la vidéo met en avant une idée, sans la soutenir tout à fait : le Sars-CoV-2, générateur du Covid-19, pourrait avoir été conçu au sein du laboratoire P4 de Wuhan comme une arme biologique au service du régime chinois.

En l'état des connaissances, cette hypothèse, évoquée par d'autres médias, ne peut être tenue pour sérieuse. Les recherches scientifiques laissent à penser que le coronavirus est d'origine animale. Et l'implication du laboratoire P4 n'est pas étayée par des faits. Par conséquent, Facebook a décidé d'étiqueter le documentaire comme une «fausse information» . Ce qui a fortement déplu au coauteur du film, le site The Epoch Times, accusant dans un article le réseau social d'«étouffer l'information». Précautionneux,